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KONTARSKY LES

À l’instar du violoncelliste allemand Siegfried Palm, les trois frères Kontarsky ont apporté une contribution majeure à l’interprétation et à la diffusion de la musique du xxe siècle.

L’aîné, Aloys Kontarsky, naît à Iserlohn (Allemagne), berceau de toute la famille, le 14 mai 1931. Il étudie le piano avec Else Schmitz-Gohr et la musique de chambre avec Maurits Frank au conservatoire de Cologne (1953-1955). À cette époque, il fonde avec son frère Alfons Kontarsky (1932-2010) un duo de pianos qui remporte d’emblée, en 1955, le concours international ARD de la Radio bavaroise à Munich. Les deux musiciens vont ensuite se perfectionner à Hambourg auprès d’Eduard Erdmann (1955-1957). S’ils abordent, ensemble ou séparément, les répertoires classique et romantique, ils deviennent rapidement célèbres, comme interprètes et professeurs durant les cours d’été de Darmstadt, pour l’intelligence et la profondeur de leur analyse des partitions importantes du xxe siècle et des œuvres nouvelles. Ils reçoivent un nombre impressionnant de dédicaces et se révèlent, au disque comme au concert, les défenseurs éloquents des compositeurs contemporains. Citons Béla Bartók (Sonate pour deux pianos et percussion), György Ligeti (DreiStückefürzweiKlaviere), Mauricio Kagel (Unguis incarnatus estpour piano et violoncelle, An Tasten, Klangwölfepour violon et piano), Karlheinz Stockhausen (les 11 premiers Klavierstücke, Mantra, Momente, Mikrophonie), Bernd Alois Zimmermann (Dialogue : concerto pour deux pianos, Monologue), ainsi que de nombreuses pages signées Luciano Berio, Earle Brown, Sylvano Bussotti, Gottfried von Einem, Bruno Maderna, Luis de Pablo, Henri Pousseur ou Igor Stravinski. Aloys forme avec Siegfried Palm un duo piano/violoncelle et Alfons – qui enseigne le piano aux conservatoires de Cologne et de Munich, puis, à partir de 1983, au Mozarteum de Salzbourg – un trio qui rassemble Saschko Gawriloff (violon) et Klaus Stock (violoncelle). Mais, en 1983, Aloys Kontarsky est victime d’un accident vasculaire cérébral qui met fin à la fois à sa vie de concertiste et à la carrière du duo de pianos. Il meurt à Cologne le 22 août 2017. La discographie de ces interprètes de haut vol, à la fois rigoureux et passionnés, est essentiellement présente chez Deutsche Grammophon.

Seul survivant de la fratrie, Bernhard Kontarsky est né en le 26 avril 1937. Dans les murs du même conservatoire de Cologne, il travaille le piano, la musique de chambre – ce qui lui vaut de remporter, encore étudiant, le prix Mendelssohn – et la direction d’orchestre. Il fait ses débuts à l’Opéra de Bonn avant d’être appelé au Staatstheater de Stuttgart par Ferdinand Leitner. Invité par les scènes les plus importants de la planète, il s’y révèle l’interprète privilégié de la musique du début du xxe siècle (Bartók, Berg, Schönberg, Stravinski, Wolf-Ferrari, Zemlinsky) et des opéras contemporains. Il sera le fervent avocat – et parfois le chef choisi pour la première audition – de Georges Aperghis (Tristes tropiques), Hans Werner Henze (El Rey de Harlem créé en 1982, DasverrateneMeer, Boulevard Solitude, Venus und Adonis), Luigi Dallapiccola (Il Prigioniero), Mauricio Kagel (Die Erschöpfung derWelt, créé en 1980), Michaël Lévinas (Les Nègres, créé en 2004), Eckehard Mayer (Sansibarcréé en 1994), Bruno Mantovani (L’Autre Côté, créé en 2006), Luigi Nono (Intolleranza 1960, dont il dirige le premier enregistrement), Pascal Dusapin (Nosferatu), Rolf Riehm (Schweigen der Sirenen), Hans Zender (Don Quijote de la Mancha, créé en 1993), Bernd Alois Zimmermann (Les Soldats, dont il dirige la première parisienne, Requiem pour un jeune poète, Perspektiven, Photoptosis). Bernhard Kontarsky enseigne les musiques nouvelles au conservatoire de Francfort depuis 1981.

— Pierre BRETON

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