KÖPRÜLÜ LES

Nom de plusieurs grands vizirs ottomans, d'origine albanaise, qui se sont succédé à la tête du gouvernement dans la seconde moitié du xvii^e siècle et au début du xviii^e.

Le premier et le plus important est Mehmet Köprülü, grand vizir de 1656 à 1661 : à un moment où l'Empire ottoman était dans une situation catastrophique, il a su, muni des pleins pouvoirs et grâce à une politique autoritaire impitoyable, rétablir l'équilibre financier, réduire l'anarchie administrative et redonner son dynamisme à l'armée.

Son fils, Fazil Ahmet paṣa, a occupé le grand-vizirat de 1661 à 1676 avec les mêmes idées, les mêmes méthodes, moins cruelles cependant, mais avec d'aussi heureux résultats ; il a notamment mené à bien une guerre contre les impériaux, terminé la guerre de Crète, conduit avec succès une expédition contre la Pologne et manifesté hautement aux ambassadeurs occidentaux la suprématie ottomane.

Son beau-frère Merzifonlu Kara Mustafa paṣa lui succéda, mais l'échec du second siège de Vienne en 1683 lui coûta son poste, puis la vie.

Un autre gendre de Mehmet Köprülü, Siyavuch paṣa, est grand vizir de mars 1687 à mars 1688 ; en octobre 1689, Köprülüzadé Mustafa paṣa (deuxième fils de Mehmet Köprülü) devint grand vizir et remit en ordre les finances et l'armée de l'empire.

Un autre Köprülü, Amdjazadé Hüseyin paṣa, grand vizir de 1697 à 1702, eut le triste privilège de signer la paix de Karlowitz (28 janv. 1699) à l'issue de la guerre menée contre les impériaux, les Russes et Venise depuis 1682, premier traité véritablement désavantageux pour les Ottomans.

Un petit-fils de Mehmet Köprülü, Nū'man paṣa, grand vizir de juin à août 1710, fut le dernier de la famille à accéder au grand-vizirat.

Au xx^e siècle, le nom des Köprülü a été illustré par Mehmet Fuad Köprülü (1890-1966), brillant orientaliste et initiateur des études de turcologie en Turquie ; il fut aussi l'un des fondateurs en 1946 du Parti démocrate (qu'il quitta en 1957) et ministre des Affaires étrangères de Turquie de 1950 à 1954 : c'est durant cette période que la Turquie adhéra à l'O.T.A.N. et que fut conclu, avec la Grèce et la Yougoslavie, l'éphémère pacte balkanique.

— Robert MANTRAN