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LEAKEY LES

Un tandem efficace : Louis et Mary Leakey

Louis Leakey, né de parents missionnaires britanniques, passa son enfance parmi les Kikuyu, le groupe ethnique le plus important au Kenya. Après des études d'anthropologie et d'archéologie à Cambridge, Louis fut invité, en raison de sa parfaite connaissance du swahili, à participer, après la Première Guerre mondiale, à plusieurs expéditions paléontologiques et archéologiques initiées par le British Museum of Natural History, à l'issue desquelles il publia rapidement, Adam'sAncestors(1934),illustré par Mary Douglas Nicol. Ce fut le début d'une longue et fructueuse collaboration, scellée par un amour commun pour l'Afrique et par leur union à la veille de Noël 1936, une fois Louis divorcé de sa première épouse.

De citoyenneté britannique, Mary Douglas Leakey allait, elle aussi, devenir l'une des grandes figures de l'archéologie et de la préhistoire africaine. Son œuvre est à vrai dire inséparable de celle de son mari, disparu en 1972, et de celle de l'un de ses trois fils, Richard (1944-2022), qui reprit, à son tour, le flambeau familial.

Née le 6 février 1913 à Londres, Mary Douglas Nicol eut l'occasion, dès l'âge de douze ans, de faire ses premiers pas en archéologie lorsqu'elle fut emmenée en Dordogne par son père, un peintre paysagiste non dénué de talent. La famille Nicol, qui s'était installée aux Eyzies, se lia bientôt d'amitié avec deux préhistoriens français, Denis Peyrony et l'abbé Lemozi, qui firent découvrir à Mary les spectaculaires peintures pariétales de la grotte de Pech-Merle (Lot). Ayant hérité de son père d'un réel talent de dessinatrice, elle le mit à profit, à son retour en Angleterre en 1933, pour illustrer un ouvrage de la préhistorienne Gertrude Caton-Thompson qui présentera Mary à Louis Leakey.

Mary s'installa avec lui sur les bords du lac Nakuru où elle explora et fouilla le site de Hyrax Hill (Kenya), jadis lieu de campement de populations néolithiques. Ce fut sa première contribution à l'archéologie africaine, suivie par les fouilles de la grotte de la rivière Njoro (Kenya). Dès ce moment-là, les Leakey se partagèrent l'étude des sites, Louis s'occupant des ossements humains et animaux, Mary des outils taillés.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que Louis collaborait avec le gouvernement colonial dans la Special Branch de l'African Intelligence, où il fut notamment chargé de contrôler les éléments subversifs des tribus kikuyu, Mary poursuivait les fouilles d'un abri-sous-roche à Naivasha (Kenya) et l'exploration, à Olorgesailie (Kenya), de l'un des sites acheuléens les plus importants d'Afrique où gisaient pêle-mêle, à même le sol, des milliers de bifaces. Dès la fin de la guerre, Louis Leakey s'attaqua à un vaste projet, la création du premier Congrès panafricain de préhistoire, qu'il concrétisa en 1947 à Nairobi, au moment où il mit également sur pied la British Expedition, qui commença par l'exploration de la petite île de Rusinga, sur le lac Victoria. En 1948, lors d'une deuxième expédition sur cette île, Mary mit au jour une partie de crâne d'un singe, une face complète du fameux Proconsul dont le front, si remarquablement « humain », laissait croire à Louis, à tort, que les racines de l'humanité remontaient au début du Miocène, il y a quelque 20 millions d'années.

Olduvai: restes d'une des plus anciennes habitations connues - crédits : Encyclopædia Universalis France

Olduvai: restes d'une des plus anciennes habitations connues

En 1951, les Leakey reprirent les fouilles de la gorge d'Olduvai dont les dépôts les plus anciens (Bed I) – datés, croyait-on, de 400 000 ans – avaient déjà livré une industrie lithique encore très rudimentaire (galets taillés sur une ou deux faces) que Mary attribua à la culture oldowayenne, définie par Louis Leakey dès 1936.

Si les découvertes furent souvent le fait de Mary, on doit à la ténacité de Louis[...]

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Olduvai: restes d'une des plus anciennes habitations connues - crédits : Encyclopædia Universalis France

Olduvai: restes d'une des plus anciennes habitations connues

Ossements d'Homo habilis - crédits : John Reader/ SPL France

Ossements d'Homo habilis

Autres références

  • AUSTRALOPITHECUS ANAMENSIS

    • Écrit par
    • 756 mots
    ...du genre Homo. Mais, jusqu’au début des années 1990, aucun matériel d’hominidé n’est venu infirmer ou confirmer cette attribution. Cependant, en 1994, des travaux de terrain dirigés par Meave Leakey et Alan Walker ont livré de nouveaux spécimens au Kenya sur le même site de Kanapoi et sur...
  • HOMINIDÉS

    • Écrit par
    • 9 467 mots
    • 7 médias
    Cette espèce, découverte par Meave Leakey et Alan Walker en 1995, sur les sites kenyans de Kanapoi et d'Allia Bay serait vieille de 4,4 à 3,2 Ma environ. Elle est représentée par des fragments de mâchoires et des os des membres, dont un récolté dans les années 1960 par Bryan Patterson et son...
  • PALÉOLITHIQUE

    • Écrit par
    • 10 702 mots
    À partir de 1958, les découvertes de Louis et Mary Leakey transforment le tableau de la vie de l'Australopithèque. À Oldoway, de petits groupes ont campé sur les rives de lacs ou d'étangs boueux, campements que la montée saisonnière des eaux recouvrait périodiquement ; rapidement enterrés, ces lieux...