LEMOYNE LES
Deux sculpteurs importants ont porté le nom de Lemoyne : Jean-Louis (1665-1755) et son fils Jean-Baptiste (1704-1778), dit le Jeune pour le distinguer de son oncle Jean-Baptiste (1679-1731). Nous avons affaire à une de ces dynasties d'artistes si caractéristiques du xviiie siècle français.
Jean-Louis Lemoyne s'était déjà fait une spécialité dans le genre où son fils devait rencontrer le plus éclatant succès, à savoir le portrait. Son buste de Mansart (marbre, 1703, Louvre) semble attester une profonde sensibilité à la leçon de Bernin, interprétée à travers Coysevox. La perruque bouillonne amplement, les broderies et les dentelles sont rendues avec virtuosité ; malgré cet apparat solennel, la figure garde de la familiarité, avec son grand nez et son sourire de bienveillance. Jean-Louis Lemoyne était proche de Robert Le Lorrain et sa Compagne de Diane (marbre, 1724, National Gallery, Washington) a une élégance précieuse, une simplicité recherchée qui sont bien caractéristiques de l'art de la Régence.
Jean-Baptiste le Jeune est un artiste plus important. Parmi ses premières œuvres, le Baptême du Christ (marbre, 1731, Saint-Roch, Paris), commencé par Jean-Baptiste l'Aîné, montre déjà ce caractère un peu déchiqueté dans les drapés, ce dessin brusque et anguleux que l'on retrouve tout au long de sa carrière. La sculpture monumentale n'était pas son affaire, encore qu'il faille tenir compte de la statue équestre de Louis XV, exécutée pour Bordeaux en 1743. Mais ce sont surtout ses bustes qui ont valu sa célébrité à Lemoyne. Renonçant au fracas des amples draperies et des lourdes perruques, il se concentre sur l'observation psychologique, qui fait des bustes d'Arnauld de la Briffe (terre cuite, 1754, musée des Arts décoratifs, Paris) ou de Réaumur (terre cuite, 1751, Louvre) autant de chefs-d'œuvre. Tout à l'opposé du style distingué de Bouchardon (les deux hommes étaient très ennemis), Lemoyne fait triompher dans le portrait un naturel et une vivacité qui le classent parmi les meilleurs représentants du rococo.
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
Classification
Médias
Autres références
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ROCOCO
- Écrit par Georges BRUNEL , François H. DOWLEY et Pierre-Paul LACAS
- 21 059 mots
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...de Versailles, dont Antoine Coypel peint le plafond en 1709-1710, on ne peut plus guère citer que le plafond du salon d'Hercule, qui occupe François Lemoyne de 1733 à 1736, ou la chapelle, détruite au xixe siècle, de l'hospice des Enfants trouvés, où Charles Natoire décore les murs et le...