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LEPAUTRE LES

Famille d'artistes français. Formé dans l'atelier d'Adam Philippon, « menuisier et ingénieur du roi », qui avait été envoyé à Rome pour étudier sur place les monuments antiques, Jean Lepautre (1618-1682) suivit sans doute son maître en Italie ; il fut le principal graveur du recueil que Philippon publia en 1645 Curieuses Recherches de plusieurs beaux morceaux d'ornements antiques et modernes tant dans la ville de Rome que autres lieux d'Italie. Il resta très marqué par ce voyage tout en conservant certaines habitudes du style Louis XIII à forte influence flamande. La liberté avec laquelle il gravait à l'eau-forte et sa facilité d'invention hors du commun en font un des artistes les plus productifs du siècle. On lui attribue environ 2 200 estampes, dont la moitié traite de sujets religieux, historiques et de genre, et comporte nombre de pièces majeures ; mais c'est pour l'autre moitié, presque purement ornementale, qu'il est le plus connu.

Le style de Lepautre, caractéristique de la grandeur et de la richesse du style Louis XIV, eut une grande influence pendant tout le xviiie siècle. Ce style fait preuve d'une extrême richesse d'invention, les détails d'ornements se juxtaposent d'une manière un peu touffue parfois, faisant intervenir les guirlandes de fleurs et de fruits, les amours, les mascarons. L'essentiel de cet œuvre décoratif a été réédité en 1741 par le libraire Jombert, sous le titre d'Œuvres d'architecture de Jean Lepautre, en trois volumes : le tome I concerne essentiellement les ornements d'architecture, le tome II le décor intérieur tant profane (cheminées, lambris, alcôves) que religieux (clôtures, chaires, etc.), et le tome III l'orfèvrerie, les carrosses, les compositions allégoriques. Jean Lepautre est le père de Pierre Lepautre (vers 1652-1716), graveur également et dessinateur d'architecture sous la direction de Jules Hardouin-Mansart, et de Jacques Lepautre ( ?-1684), graveur aussi, mais mort jeune (Inventaire du fonds français. Graveurs du XVIIe siècle, tome 11 : Antoine Lepautre, Jacques Lepautre et Jean Lepautre, par Maxime Préaud, Bibliothèque nationale, Paris, 1993).

Antoine Lepautre (1621-1679), architecte, est le frère de Jean. Il se fait connaître très jeune par l'hôtel de Fontenay et surtout par la chapelle du couvent de Port-Royal à Paris (1646). Il s'y montre tributaire de ses prédécesseurs, Le Mercier et François Mansart, et cette chapelle apparaît comme un compromis entre la chapelle de la Sorbonne et celle de la Visitation : plan presque centré, avec très courte nef (une seule travée) et entrée latérale, coupole sans dôme, abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Dès cette époque, comme dans les Œuvres d'architecture qu'il publiera en 1652, il montre son goût pour les lignes courbes, les ressauts, les colonnades, qui ne sont pas sans rappeler le baroque italien. Cela apparaît encore davantage dans l'hôtel de Beauvais (considéré comme son chef-d'œuvre, 1655), où l'espace très irrégulier qui lui était imposé est compensé par un plan très savant, en particulier une cour semi-circulaire répondant au péristyle en avancée sur cette cour. Ces réussites lui valurent d'être nommé en 1648 architecte des Bâtiments du roi, puis avant 1660 architecte du duc d'Orléans, auquel il donna des plans pour Saint-Cloud puis pour Clagny. Mais, s'il exécuta une partie de ses projets dans le premier de ces châteaux, pour le second on lui préféra Jules Hardouin-Mansart. Cette préférence est très révélatrice de la carrière de Lepautre, qui resta dans l'ombre de rivaux plus brillants, Perrault, Le Vau ou Mansart.

Il faut mentionner enfin l'excellent sculpteur que fut Pierre Lepautre, neveu de Jean et d'Antoine, fils de Jean Lepautre le Jeune[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre

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  • CLASSICISME

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    ...classiques » pour les jardins, les dessins que leur avait livrés Le Brun sont incomparablement plus mouvementés, plus baroques, et se ressentent du style de Lepautre. Aussi bien les jeux d'eaux introduisent-ils dans les jardins un élément de mobilité. De même, les fêtes et divertissements dont Versailles fut...