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LIMBOURG LES

Au service de Jean de Berry

On ignore la date à laquelle les Limbourg furent engagés par le duc de Berry. Tout porte à croire cependant que ce fut très tôt puisque, dès 1405, une charte du duc, aujourd'hui disparue mais connue par une bonne reproduction lithographique, était enluminée par l'un d'eux. À la différence du commun des enlumineurs de l'époque, astreints aux pratiques commerciales, les Limbourg, comme avant eux André Beauneveu et Jacquemart de Hesdin, furent des artistes de « sérail », entièrement pris en charge par le duc et travaillant à son service exclusif. Ils semblent même avoir fait partie du cercle des familiers du prince dont la faveur à leur égard ne se démentit plus jusqu'en 1416, année de la mort des trois frères et de leur patron.

La rencontre de ces artistes aux dons exceptionnels et du mécène le plus raffiné qu'ait connu la France à cette époque est à l'origine de deux chefs-d'œuvre, les Belles Heures (musée des Cloîtres, New York), et les Très Riches Heures (musée Condé, Chantilly). Les Limbourg se virent confier également divers travaux de complément dans d'autres livres d'heures exécutés antérieurement pour Jean de Berry. La chronologie de ces différentes œuvres, à l'exception des Très Riches Heures, que l'on peut dater avec certitude entre 1413 et 1416, est encore mal assurée : elle paraît devoir être révisée en ce qui concerne les Belles Heures, placées généralement vers 1410-1413, mais dont le style, encore très proche de celui de la Bible historiée entreprise pour Philippe le Bon, suggère une datation plus précoce. La place que les Belles Heures occupent dans l'inventaire des livres de Jean de Berry dressé en 1413 prouve d'ailleurs qu'elles étaient déjà achevées en 1409, antérieurement aux Grandes Heures (Bibl. nat., ms. lat. 919). Il est probable que les feuillets enluminés par les Limbourg dans le fragment parisien des Très Belles Heures (Bibl. nat., ms. nouv. acq. lat. 3093) remontent à la même époque, tandis que la peinture figurant Jean de Berry partant en voyage, ajoutée aux Petites Heures (Bibl. nat., ms. lat. 18014), semble se placer à la fin de leur carrière.

Une appréciation fondée de l'art des Limbourg exigerait l'établissement préalable de la part qui revient à chacun dans les œuvres qu'ils exécutèrent en commun. Ce délicat travail de discrimination reste encore à faire. L'originalité de l'œuvre des Limbourg prise comme un tout n'en est pas moins éclatante : rien ne saurait vraiment leur être comparé dans la production des ateliers d'enlumineurs de l'époque. Peut-être leur condition de peintres (Jean de Berry semble avoir employé l'un d'eux, probablement Pol, à des travaux de peinture monumentale pour son château de Bicêtre) explique-t-elle ce relatif isolement : ce n'est sans doute pas par hasard que les meilleurs points de comparaison avec l'art des Limbourg soient à chercher dans la peinture de chevalet, et notamment dans les tableaux attribués à leur oncle Jean Malouel et à Henri Bellechose.

Depuis leurs premières créations jusqu'à leur ultime chef-d'œuvre (les Heures de Chantilly, interrompues par leur mort et complétées plus tard par Jean Colombe pour le duc Charles de Savoie) une évolution est sensible, qui se manifeste clairement par un approfondissement continu de la leçon de la peinture italienne, que, seuls, à la même époque, Jacquemart de Hesdin et le Maître des Heures de Boucicaut surent assimiler avec autant de bonheur, bien que de façon différente. L'utilisation parfois littérale de modèles italiens dépasse pourtant la simple imitation ; il s'agit plutôt d'une méditation, émaillée certes de citations, mais dont le point d'aboutissement est une vision transfigurée et précise de la nature, qui leur appartient en propre.[...]

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Écrit par

  • : conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris

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  • ART DE COUR

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    • 1 média
    ...trinitaire, reflétant une Trinité disparue, sculptée par Jean de Marville pour la chartreuse de Champmol, avec Dieu le Père tenant debout le Christ en croix. Deux des frères de Limbourg, ses neveux, Herman et Jean, furent mis en apprentissage chez un orfèvre de Paris. Puis Paul et Jean de Limbourg peignirent...