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LES MAIA, José-Maria Eça de Queirós Fiche de lecture

Œuvre majeure de l'écrivain portugais José-Maria Eça de Queirós (1845-1900), le roman intitulé Les Maia (Os Maias, Episódios da vida romántica), fut publié en 1888, à Porto. Il semble avoir été le point de départ et le prétexte d'une critique sociale acerbe du Portugal de la fin du xixe siècle.

La décadence des Maia

Cette saga familiale se déroule dans la seconde partie du xixe siècle. Afonso da Maia, riche aristocrate ancré dans ses traditions, est venu finir ses jours dans sa propriété des Ramalhetes, près de Lisbonne. Après avoir mené une vie de bamboche, son fils unique, Pedro s'éprend de Maria de Montforte, la fille d'un aventurier, surnommé « le négrier ». Contre la volonté de son père, Pedro épouse Maria. Deux enfants, une fille et un garçon, naissent de ce mariage. Séduite par un bellâtre napolitain, Maria s'enfuit avec lui, emmenant sa fille. Pedro retourne chez son père, avec le petit Carlos Eduardo ; son désespoir le mène au suicide. Carlos, élevé par son grand-père qui est en admiration devant lui, devient un jeune homme brillant, qui entreprend des études de médecine. Mais ses amis les plus proches sont des personnages peu recommandables, dont il va subir la fâcheuse influence.

Ayant installé son cabinet en plein centre de Lisbonne, le docteur Carlos da Maia a une maîtresse, la comtesse de Gouvarinho. Mais il tombe sous le charme d'une autre femme, Maria Eduarda, qu'il croit être l'épouse de Castro Gomes, un Brésilien. Il tente en vain de la séduire, jusqu'au jour où il est appelé sous son toit pour y soigner un malade. Il peut enfin faire sa conquête. Profitant des absences de Castro Gomes, les amants se réunissent dans une maison de campagne, dont Carlos vient de faire l'acquisition. Ces amours adultères tournent court lorsque Carlos apprend, de la bouche de Castro Gomes, que Maria Eduarda n'est pas son épouse légitime, mais une de ses nombreuses maîtresses. Carlos la veut-il pour lui seul ? Il la lui abandonne sans regret ni dépit. Or voici qu'un émigré qui revient de France s'est mis à la recherche de Maria Eduarda, dont il a connu la mère à Paris : avant de mourir, celle-ci lui a confié la mission de retrouver sa fille, de lui révéler son identité et de lui transmettre un riche héritage. Coup de théâtre : la mère de Maria Eduarda n'est autre que Maria de Monforte, l'épouse infidèle de Pedro da Maia. Maria Eduarda est donc la sœur de Carlos da Maia. Malgré cette révélation, leurs amours incestueuses vont se poursuivre : « Sans résistance, et semblable à un corps mort qu'un souffle aurait emporté, il tomba sur son sein. Leurs lèvres sèches se trouvèrent collées en un grand baiser qui les rendait humides. Et soudain Carlos l'enlaça furieusement, en l'écrasant, en l'aspirant, avec une passion et un désespoir qui firent trembler tout le lit. » La honte de l'infamie qui marque sa famille conduit au tombeau le vieil aristocrate, Afonso da Maia. Mais la descente aux Enfers de cette famille n'est pas finie. Maria Eduarda, qui jouit maintenant d'une belle fortune, s'enfuit à l'étranger. Pour noyer son chagrin et sa honte, Carlos se perd à son tour dans les divertissements et s'en va courir le monde. À son retour, après dix années d'errance, il retrouve un ancien compagnon de débauche. Ensemble, ils ne pourront que constater le gâchis de leurs existences.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Autres références

  • QUEIRÓS JOSÉ MARIA EÇA DE (1845-1900)

    • Écrit par
    • 2 591 mots
    ...l'esclave, grâce à une possibilité inattendue de chantage. Ici, la révolte de l'esclave amène une nouvelle tyrannie, plus odieuse que celle du seigneur. Le roman Les Maia évoque l'histoire d'une grande famille portugaise à travers trois générations. Il met en scène la bourgeoisie riche et l'aristocratie,...