Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MALATESTA LES

Famille italienne qui domina, du xiie au xive siècle, Rimini, puis une partie de la Marche d'Ancône et de la Romagne. Au xiie siècle, selon le premier document qui les mentionne, les Malatesta sont des propriétaires fonciers établis près du Rubicon. Au début du xiiie siècle, ils sont citoyens de Rimini : l'un d'eux, Malatesta da Verucchio, cité par Dante, y est le chef du parti guelfe ; podestà en 1239, il doit soutenir une longue lutte contre les gibelins de la région. Sous Malatesta II da Verucchio, grâce à Boniface VIII, la seigneurie familiale est définitivement établie sur Rimini. En 1283 ou 1284 a lieu la fameuse tragédie domestique racontée par Dante : l'assassinat, par Guanciotto, fils aîné de Malatesta II, de son épouse Francesca et de son demi-frère Paolo, surpris avec elle.

Ses successeurs ne cessent de lutter, tout au cours du xive siècle, pour conserver leurs biens en Romagne et dans la Marche d'Ancône, contre des adversaires gibelins demeurés redoutables et dirigés le plus souvent par les comtes de Montefeltro ; mais ils doivent aussi s'imposer à la papauté, inquiète de leurs progrès : en 1343, le Saint-Siège leur reconnaît leurs possessions (c'est-à-dire, outre Rimini, Pesaro, Fano et Cesena) contre un engagement de vassalité.

La plupart du temps, ils sont plusieurs frères à devoir se partager le domaine ; aussi accroissent-ils leur fortune en faisant des carrières de condottieri : Pandolfo III (1370-1427) combat au service de Jean-Galéas Visconti et, à la mort de celui-ci, se taille une seigneurie éphémère à Brescia et Bergame (1404-1408), à laquelle Philippe-Marie Visconti le contraint à renoncer (1421). Parmi ses trois fils naturels se trouve le plus illustre personnage de la famille : Sigismondo-Pandolfo (1417-1468) qui succède à son frère aîné à l'âge de quinze ans, puis a la chance d'épouser successivement une Este et une Sforza, s'alliant ainsi à de grandes familles seigneuriales. De 1433 à 1463, Sigismond met ses talents militaires sans trop de scrupules au service d'un camp, puis de l'autre ; s'étant attiré la haine du pape Pie II, il est excommunié et, vaincu, doit céder la plupart de ses territoires au Saint-Siège. Parti combattre les Turcs au service de Venise pour refaire sa fortune, il se brouille avec le doge (1464) et rentre à Rimini, où il meurt (1468), sans avoir pu se faire restituer ses biens par le pape Paul II que, de rage, il a rêvé un moment d'assassiner. Il doit sa durable renommée à la richesse d'un tempérament contrasté qui a fourni, par un fourmillement d'anecdotes, tous les éléments d'une légende noire, mais qui lui a aussi valu un grand renom de mécène : il avait attiré à Rimini savants, humanistes et artistes, parmi lesquels Léon-Baptiste Alberti, constructeur de l'église San Francesco (le « temple Malatesta »), monument quasi païen consacré à Isotta, maîtresse, puis dernière épouse du condottiere. À sa mort, Rimini aurait dû revenir au pape, mais Roberto (1441-1482), fils naturel de Sigismond, s'en empara. Après lui, Sixte IV investit son fils Pandolfo. Rimini finira par tomber aux mains des papes sous Clément VII, en 1528.

— Gérard RIPPE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • MONTEFELTRO ou MONTEFELTRE LES

    • Écrit par
    • 537 mots
    • 6 médias

    Famille comtale, puis ducale, d'Italie du Nord. Le Montefeltro, que lui aurait attribué Frédéric Barberousse au xiie siècle, est une petite région montagneuse à cheval sur les Marches et la Romagne. En 1234, Buonconte da Montefeltro devient seigneur d'Urbino (Urbin en français) ; avec...