MARX BROTHERS LES
Leonard (1886-1961) dit Chico, Adolph (1888-1964) dit Harpo, Julius (1890-1977) dit Groucho, Milton (1893-1977) dit Gummo, Herbert (1901-1979) dit Zeppo.
Une silhouette cassée, pliée, vêtue d'une queue-de-pie, trottant comme une autruche pressée, un cou maigre promenant deux yeux égrillards chaussés de lunettes d'acier, avec, sur une lippe gourmande, une moustache peinte de clown, Groucho est en chasse, cherchant d'un air goguenard sa prochaine victime, cigare braqué, insulte prête, narguant le monde entier.
Petit, noiraud, frôlant les murs, la démarche en biais, tout en velours et en feutre sombre, un sourire doux de nigaud tranquille cachant sous l'épaisseur d'une bêtise têtue la roublardise de Scapin, Chico guette l'arrivée d'un gogo à détrousser, fût-il Groucho lui-même.
Surgit Harpo, l'ange fou, une grenouille sous son chapeau, se pavanant dans un trench-coat informe bourré d'ustensiles volés dans cent quincailleries, armé d'une canne surmontée d'une trompe de torpédo, avec, sur une tête en caoutchouc, auréolée de roux crépu, deux yeux montés sur roulement à billes, Harpo le muet, faisant plus de bruit que mille diables, parasite chapardeur prêt à bondir sur un encrier pour le boire, sur un téléphone pour l'avaler, sur une blonde pour lui faire craindre le pire.
Les Marx Brothers apprennent dès leur enfance, sous la houlette de Minnie, leur mère, à jouer la comédie. Ils débutent sur les routes vers 1909. En 1914, Chico a déjà mis au point ses célèbres numéros de piano, Harpo est devenu virtuose de la harpe, Groucho chante en jouant de la guitare, et Zeppo, oubliant qu'il n'a pas le don, regarde (Gummo, lui, s'est très vite orienté vers une carrière d'imprésario). Improvisant constamment, ils créent leurs personnages en fignolant leurs effets comiques au contact quotidien du public. Dix ans plus tard, Broadway les accueille et Coconuts (Noix de coco), comédie musicale créée en 1925, reste deux ans à l'affiche ; ils en font un film en 1929, produit par la Paramount. Deuxième succès sur les boulevards, deuxième film, en 1930, Animal Crackers (L'Explorateur en folie). Leur renommée devient internationale avec, de 1931 à 1935, Monkey Business (Monnaie de singe, 1931), Horse Feathers (Plumes de cheval, 1932) et surtout Duck Soup (Soupe au canard,1933) de Leo MacCarey et A Night at the Opera (Une nuit à l'Opéra, 1935) de Sam Wood, leur premier film avec la M.G.M. Suivent A Day at the Races (Un jour aux courses, 1937), puis six autres films de moindre valeur dont on ne retiendra que At the Circus (Un jour au cirque, 1939), The Big Store (Les Marx Brothers au grand magasin, 1941) et A Night at Casablanca (Une nuit à Casablanca, 1946). Même si leurs dernières apparitions ne ravissent que les « marxiens » inconditionnels, même si leurs succès, bien monnayés, limèrent leurs griffes, les Marx Brothers resteront ces éternels passagers clandestins du monde chancelant des « années folles », acteurs géniaux du cinéma burlesque, héros épiques et irrespectueux pourfendant la morale, l'autorité, l'éducation, l'ordre établi — des cibles éternellement d'actualité.
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Écrit par
- Louis LACAS : docteur en hydrodynamique
Classification
Média
Autres références
-
BURLESQUE COMÉDIE, cinéma
- Écrit par Claude-Jean PHILIPPE
- 3 086 mots
- 10 médias
...premier contrat et qui hésite à l'accepter. Le salaire élevé qu'on lui offre lui paraît disproportionné à son talent. Ce soir-là, bien loin de Hollywood, lesMarx Brothers et Charlie Chaplin jouèrent ensemble à saute-mouton par-dessus une rangée de poubelles, dans les rues désertes de la ville...