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LES MAYAS et MEXIQUE, TERRE DES DIEUX (expositions)

Plusieurs expositions majeures sont venues nous rappeler que les arts d'Amérique préhispanique se réduisent difficilement à la dénomination d'Arts premiers et jouissent désormais d'un statut comparable à celui des arts classiques. L'expositionLes Mayas (I Maya), présentée de septembre 1998 à mai 1999 dans le cadre prestigieux du Palazzo Grassi (fondation Fiat) à Venise et Mexique terre des dieux (musée Rath à Genève, 8 octobre 1998-24 janvier 1999), enchaînaient directement sur Les Mayas au pays de Copán (abbaye de Daoulas, 1997) pour témoigner de la richesse de ces civilisations, du renouveau des connaissances et d'une volonté de faire mieux connaître en Europe les trésors américains.

Avec un succès évident : la beauté des pièces présentées n'avait d'égale que leur originalité ; nombre d'entre elles étaient exposées pour la première fois, comme les masques de jade de Calakmul, à peine sortis des fouilles et des ateliers de restauration. On ne saurait cependant mettre sur un pied d'égalité les deux manifestations, car leurs conceptions obéissaient à des approches différentes.

Consacrée uniquement à la civilisation maya sur plus de 25 siècles d'existence, l'exposition du Palazzo Grassi présentait 514 pièces originales, réparties en 36 salles thématiques, auxquelles s'ajoutait la reproduction d'une fresque de Bonampak (structure 1, pièce 2). Dix pays et quarante musées ont contribué à son élaboration, qui témoigne d'une richesse inégalée. Aux célèbres sculptures, stèles ou linteaux de Palenque ou de Yaxchilán s'ajoutaient les monuments sculptés moins connus du nord du Yucatán (Uxmal, Oxkintok, Xculoc). Mais la part belle était laissée aux petits objets : céramiques peintes, figurines de l'île de Jaina – un ensemble exceptionnel –, maquette de Tikal, jades, coquillages et os travaillés voisinaient avec des bijoux somptueux, des masques funéraires, des briques gravées de Comalcalco, voire des textiles. Des objets de bois ornés de mosaïques jouxtaient des miroirs de pyrite ou des « excentriques » en silex ou en obsidienne.

Cette préoccupation esthétique était contredite toutefois par le choix d'une présentation thématique, selon un ordre que l'on retrouve dans le catalogue. L'exposition s'ouvrait sur le milieu naturel (faune, flore), puis le visiteur pénétrait dans le cadre urbain. Les salles suivantes étaient consacrées à la société, particulièrement à l'élite dirigeante. La religion et les connaissances (écriture, comput du temps) faisaient ensuite l'objet de présentations détaillées, et quelques salles replaçaient enfin les Mayas dans le monde mésoaméricain. D'où provenait, alors, cette légère impression de déception ? La présentation thématique regroupait des pièces chronologiquement disparates, et l'absence de cartes ne permettait que rarement de localiser les sites d'origine. Il en résultait une certaine confusion que le catalogue (en italien) ne suffisait pas à corriger. Ce dernier, en effet, avec 29 articles signés d'excellents spécialistes, est presque une publication scientifique, de haute qualité, à un prix étonnamment bas, mais difficile à consulter au fil de la visite. Si l'on ajoute à cela une muséographie un peu décevante, avec des éclairages insuffisants, des vitrines mal conçues, pour un public très nombreux, la qualité esthétique des pièces et de la collection souffrait de cette conception.

Il en allait tout autrement de Mexique, terre des dieux, où le parti pris esthétique primait toute autre considération. Les 398 objets, présentés par civilisations et provenant majoritairement de collections privées, n'avaient été choisis que pour leur beauté. Si les Mayas, avec des stèles et des vases codex occupaient une place de choix, une salle entière était[...]

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