OTTONIENS LES
Dynastie originaire de Saxe, qui régna en Allemagne après l'extinction de la maison carolingienne (919-1024) et dont l'œuvre essentielle est la fondation du Saint Empire romain germanique.
Territorialement, cette fondation résulte de la réunion au royaume d'Allemagne de la zone médiane de l'Empire carolingien, qui, au traité de Verdun, avait échu à Lothaire. Ce processus fut inauguré par le premier roi de la dynastie saxonne Henri Ier (876-936) qui devint en 925 maître de la Lorraine, portant ainsi ses frontières occidentales sur l'Escaut et sur la Meuse, et qui réussit à imposer son protectorat au royaume de Bourgogne ; après un siècle de symbiose avec la Germanie, ce dernier sera incorporé à l'Empire en 1034.
La part essentielle dans la création de l'Empire revient cependant au fils de Henri, Otton Ier le Grand (912-973). Ayant réussi à consolider la royauté en Allemagne grâce à l'appui que lui prêtait l'Église, poussant les limites de la Germanie dans les pays slaves situés à l'est de la Saale et de l'Elbe dont il entreprit la christianisation, roi d'Italie dès 951, paré du prestige qui lui valut sa victoire sur les Hongrois au Lechfeld, en 955, il fut appelé à Rome par le pape Jean XII qui le couronna empereur le 2 février 962. Essentiellement germanique par sa composition, romain par son lieu de naissance, l'Empire assura à Otton le contrôle de l'élection papale et de l'État pontifical et lui conféra en outre une mission générale de protection de la chrétienté.
Cette mission, le petit-fils d'Otton le Grand, Otton III (980-1002), la conçut d'une manière particulièrement originale. Fils d'une princesse byzantine qui avait épousé Otton II, très instruit, curieux de toutes choses, animé d'une spiritualité ardente, Otton III considérait son titre d'empereur des Romains non point comme un souvenir, mais comme une réalité vivante. Couronné empereur en 996, il s'installe à Rome, s'entourant d'un décor somptueux et reprenant en main son royaume d'Italie. Il porte à la papauté son dernier maître à penser, Gerbert (Silvestre II), et garde sous sa direction l'État pontifical. « Esclave des apôtres » comme il s'intitule lui-même, il proclame que sa mission est d'accroître, en union avec le pape, le temporel des deux saints tutélaires de Rome. Or ce domaine s'appelle chrétienté ; universel comme celle-ci, l'Empire romain en sera le cadre, largement ouvert aux populations déjà chrétiennes ou appelées à le devenir, qui y trouveront une place compatible avec leur indépendance. À ce programme Otton III donna en 1000 et en 1001 un commencement d'exécution en fondant, avec le plein accord de Silvestre II, les Églises de Pologne et de Hongrie et en associant les chefs des deux États, le duc Boleslas Chrobry et le roi Étienne, en tant que « coopérateurs » à ses propres tâches. Très en avance sur la mentalité du temps, cette conception lucide et neuve heurtait cependant trop d'intérêts pour qu'elle pût s'imposer. Chassé de Rome par une émeute, Otton III mourut avant d'avoir atteint sa vingt-deuxième année.
N'ayant ni femme ni enfant, il eut pour successeur son cousin, Henri (973-1024), duc de Bavière, élu en Allemagne sous le nom de Henri II en 1002. Abandonnant les vues universalistes de son prédécesseur, il ramena en quelque sorte l'Empire en Allemagne où il parvint à maintenir non sans peine l'équilibre qu'Otton Ier avait créé entre la royauté et les pouvoirs locaux. Il dirigea efficacement l'Église qui ne lui marchanda jamais son appui. Esprit profondément religieux, menant une vie irréprochable, Henri II fut canonisé un siècle après sa mort (1142). Avec lui s'éteignit le lignage ottonien.
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Écrit par
- Robert FOLZ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
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