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LES PASSIONS DE L'ÂME, René Descartes Fiche de lecture

Portrait présumé de René Descartes, S. Bourbon - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait présumé de René Descartes, S. Bourbon

Paru en novembre 1649 à Paris et Amsterdam, rédigé directement en français comme le Discours de la méthode(1637), Les Passions de l'âmeest le dernier grand ouvrage de René Descartes (1596-1650), installé depuis peu à Stockholm, et le dernier texte publié de son vivant. Il s'agit d'abord, comme le titre l'indique, d'un traité des passions, complément inévitable de la physiologie cartésienne. Il peut encore être lu comme un traité de morale, point d'aboutissement d'une œuvre qui jusqu'alors n'avait proposé – dans le Discours – qu'une éthique « par provision ». Enfin il apparaît comme un effort pour résoudre les apories du dualisme entre le corps et l'esprit, dualisme que l'auteur des Méditations métaphysiques (1641) et des Principes de la philosophie (1644) impose comme problème à toute la philosophie ultérieure.

De la physique à la morale

Le traité est ordonné en trois parties et deux cent douze articles : « Des passions de l'âme en général et par occasion de toute la nature de l'homme » (art. 1 à 50) ; « Du nombre et de l'ordre des passions et l'explication des six primitives » (art. 51 à 148), à savoir l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse ; « Des passions particulières » (art. 149-212) qui en sont dérivées – dont la « vraie générosité ». Écartant d'emblée toutes les explications de ses prédécesseurs, Descartes considère que « le meilleur chemin pour venir à la connaissance de nos passions » n'est autre que « d'examiner la différence qui est entre l'âme et le corps » (art. 2). Suit une description des « fonctions qui appartiennent au corps seul » (art. 7-16), préliminaire à celle des « fonctions de l'âme » (art. 17-26) : la volonté, la perception, l'imagination. L'âme est active dans la volonté, passive dans la perception et l'imagination. Les passions, ou « émotions » (art. 27), sont causées à l'âme non par elle-même mais « par quelque mouvement des esprits ». À l'article 30 du traité, Descartes expose sa théorie de l'union des deux substances en l'homme : « il faut savoir que l'âme est véritablement jointe à tout le corps, et qu'on ne peut pas proprement dire qu'elle soit en quelqu'une de ses parties à l'exclusion des autres, à cause qu'il est un et en quelque façon indivisible, à raison de la disposition de ses organes qui se rapportent tellement tous l'un à l'autre que, lorsque quelqu'un d'eux est ôté, cela rend tout le corps défectueux. Et à cause qu'elle est d'une nature qui n'a aucun rapport à l'étendue ni aux dimensions ou aux autres propriétés de la matière dont le corps est composé, mais seulement à tout l'assemblage de ses organes. » Il n'en existe pas moins une « partie du corps en laquelle l'âme exerce immédiatement ses fonctions », qui n'est située ni dans le cœur, ni dans « tout le cerveau », mais seulement dans « la plus intérieure de ses parties, qui est une certaine glande fort petite » : la glande pinéale (art. 31), à partir de laquelle l'âme « rayonne » dans tout le corps (art. 34), au moyen de ce que nous appelons aujourd'hui le système nerveux (le détail de cette anatomie a été critiqué par Spinoza et surtout, en 1669, par Nicolas Sténon). Se pose alors la question du « pouvoir de l'âme » sur les passions : la conclusion de la première partie du traité est que si l'âme, même la plus faible, est « bien conduite », ce pouvoir est « absolu » ; ainsi se trouve fondée une morale de la liberté.

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Portrait présumé de René Descartes, S. Bourbon - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait présumé de René Descartes, S. Bourbon

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  • CONSCIENCE (notions de base)

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    Dans son dernier ouvrage, Les Passions de l’âme (1649), Descartes va plus loin encore. Imaginons, nous dit-il, que je me réveille au sortir d’un horrible cauchemar : j’étais en présence d’un monstre terrifiant, dont je comprends dès mon réveil qu’il n’était rien d’autre que le fruit de mon imagination....
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    ...toutes nos passions. Plutôt que de nous inciter à un travail intérieur, Descartes choisit, en particulier dans son dernier livre publié peu avant sa mort, Les Passions de l’âme (1649), une approche matérialiste. Les émotions sont d’abord des mouvements du corps, un corps qui n’est rien d’autre que la machine...