PICCOLOMINI LES
Très ancienne famille de Sienne qui apparaît dès le xie siècle. Elle est parmi les premières de la cité à se vouer à la banque, avec des succursales à Gênes, à Venise, en France et en Angleterre. Après le déclin qui suit l'apogée économique toscan du xiiie siècle, les Piccolomini se vouent à la gestion de leurs vastes domaines terriens. La lignée se ramifie en branches, étroitement unies dans un consortium économique. Trois d'entre elles sont éteintes : le rameau papal des Todeschini et ceux de Sticciano et de Modanella ; quatre existent toujours (Clementini et Carli, d'Aragona, Febei, Naldi et Bandini). Hommes de guerre et d'Église, ils ont donné à l'Italie plusieurs personnalités célèbres.
Aux Sticciano appartient Ottavio, duc d'Amalfi, né à Florence le 11 novembre 1599. Général au service des Habsbourg, il commence sa carrière comme commandant des troupes espagnoles, opérant en Italie lors des guerres de Mantoue et de Montferrat, et passe ensuite au service de l'empereur d'Autriche. Lors de la guerre de Trente Ans, il se distingue à la Montagne Blanche (1618), combat aux Pays-Bas (1627) et à Lützen (1632). Homme de confiance de Wallenstein, qu'il trahit par la suite (épisode immortalisé par Schiller dans sa trilogie de Wallenstein), il contribue à la victoire des impériaux à Nordlingen (1632). Sa carrière se poursuit aux Pays-Bas contre les Français, qu'il oblige à lever le siège de Thionville (1639), puis en Bohême, où il contient l'invasion suédoise sans pouvoir empêcher la défaite de Leipzig (1642). Redevenu commandant des armées espagnoles, il n'est pas plus heureux en Brabant. Rappelé de nouveau en Autriche contre les Suédois (1648), promu feld-maréchal et prince d'Empire, puis plénipotentiaire au Congrès de Nuremberg, il meurt à Vienne le 10 août 1656.
Mais c'est la branche Todeschini qui devait fournir aux Piccolomini leur plus grande renommée. Antonio, mort en 1493, duc d'Amalfi, est à la tête des troupes pontificales qui luttent, aux côtés des Aragon, contre les rois d'Anjou ; Alfonso, capitaine de Sienne, est l'adversaire de Charles VIII de France dans les guerres d'Italie (1494). Aeneas Sylvius, après avoir mené la vie débauchée d'un mondain épicurien, se réforme et se consacre au service de Dieu : il est élu pape sous le nom de Pie II en 1458. Son règne, marqué par le conservatisme, le népotisme et le mécénat, s'achève en 1464 avant qu'il ait pu réaliser son grand rêve d'une croisade réunissant tous les princes de l'Europe.
Francesco Todeschini, né vers 1440, archevêque de Sienne et cardinal en 1460, le seconda dans l'administration des domaines pontificaux et fut désigné comme vicaire lors du départ de son oncle pour la croisade. Légat en Allemagne (1471), puis à Pérouse, de mœurs intègres, Francesco Piccolomini pousse le pape Alexandre VI à s'opposer aux Français dans leurs entreprises de conquête de l'Italie. Dans sa retraite studieuse, il est le mécène de Michel-Ange et de Pinturicchio. Il en est tiré par le conclave qui l'élit pape, le 22 octobre 1503, sous le nom de Pie III. Mais ses projets de réforme de l'Église ne purent s'accomplir, car il mourut le 18 octobre de la même année après avoir régné trente jours. La carrière et l'itinéraire spirituel d'un autre Todeschini-Piccolomini, Alessandro (1508-1578), rappellent, en mineur, ceux de son parent Pie II. Il mène tout d'abord une existence dissolue, écrivant des œuvres licencieuses (Raffaela, 1539), une tragédie, la Conversione di Cipriano, et trois comédies (L'Amor costante, Ortensio, Alessandro) qui comptent parmi les meilleures du xvie siècle italien. Il devient ensuite professeur de philosophie morale à Padoue (1540), archevêque de Patras et coadjuteur de Sienne,[...]
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Écrit par
- Paul GUICHONNET : professeur honoraire à l'université de Genève
Classification
Autres références
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CONSTELLATIONS
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- 3 538 mots
- 2 médias
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