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PITT LES

Le second Pitt (1759-1806)

Le second Pitt - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le second Pitt

William « le jeune » a bénéficié de tous les avantages d'une naissance aristocratique et, second fils de Chatham, il a échappé à l'héritage du titre et à une difficile position à la chambre des Lords. Formé à Cambridge, brillant homme de loi, il est élu à vingt-deux ans député d'Appleby, « bourg de poche » qu'il doit au duc de Rutland et, dans la logique du système, s'intègre d'abord au clan Rockingham. Son talent oratoire et son intelligence vite remarqués lui valent la chancellerie de l'Échiquier dans le ministère Shelburne de juillet 1782 à mars 1783. En décembre suivant, George III, à la surprise générale, lui confie la direction du Cabinet, « un royaume confié aux mains d'un écolier » ! Son inexpérience ajoutée à la faiblesse de sa position au Parlement paraît le condamner à court terme ; son élevation à partir d'une situation visiblement médiocre a illustré son extraordinaire habileté. Elle est au service d'un caractère d'une rare fermeté, soutenu par un désintéressement aussi grand qu'il est concevable en ce temps et qui lui a valu une réputation d'« incorruptible ». Surtout, malgré des périodes de crise et une mise à l'écart de février 1801 à mai 1804, Pitt a exercé le pouvoir pendant près de vingt ans : la durée lui a permis de renforcer son autorité sur la classe politique et de faire souvent prévaloir ses vues. Il gouverne le royaume pendant des décennies d'un véritable « décollage » économique, lorsque la Grande-Bretagne distance pour longtemps la France ; il a su faire des troubles du Continent le tremplin d'un renforcement de la puissance britannique, au prix il est vrai d'efforts financiers épuisants et aussi en affrontant, à l'intérieur, les mouvements de contestation inspirés de l'exemple français.

De la réforme au service des grands intérêts

Il n'était pas sans vues réformatrices : en avril 1785, il soutient en vain un projet de loi portant réforme limitée du Parlement, en particulier par la redistribution de 72 sièges, aux dépens de bourgs pourris et de bourgs de poche, entre les comtés et l'agglomération londonienne, et par l'attribution du droit de vote aux tenanciers et fermiers. Deux ans auparavant, il avait proclamé son intention de lutter contre la corruption électorale dans le souci « non pas d'innover, mais de rajeunir et revigorer ». Jusqu'à la fin de sa vie, il a tenté, en abordant la question d'Irlande, de faire triompher des principes égalitaires en faveur des catholiques, comme il avait appuyé, en Angleterre, une tolérance croissante (mais impopulaire) à l'égard des « papistes ». L'histoire n'a guère retenu ces clairvoyantes intentions. On a surtout mis à l'actif du Premier ministre le renforcement du Cabinet au service d'une monarchie diminuée par les échecs et la difficile question de la santé mentale de George III et mis en exergue l'accroissement continu de sa majorité aux Communes, qui donne, à tort, l'impression d'une évolution vers un régime parlementaire : en 1783, 149 députés sûrs et 104 sympathisants (contre 231 opposants et 74 réservés), dès mars 1784, 315 « pittistes » sur 558, en 1788, 280 contre 155 (et 122 hésitants), mais, en juillet 1794, 503 contre 55. Renforcement extraordinaire, qui doit tout, sur la fin, aux peurs suscitées par les menées de « jacobins anglais » et à la rigoureuse fermeté du Cabinet : en faisant suspendre les garanties constitutionnelles de la liberté individuelle, restreindre, puis, de fait, supprimer, entre 1799 et 1801, le droit d'association, en intensifiant les mesures de précaution et en multipliant les garnisons à proximité des comtés et des villes les plus agités, Pitt s'est placé au service de la [...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Médias

George III - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

George III

Le premier Pitt - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Le premier Pitt

Le second Pitt - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le second Pitt