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LES PLANCHES COURBES, Yves Bonnefoy Fiche de lecture

Avec le recueil Les Planches courbes (Mercure de France, 2001), Yves Bonnefoy (1923-2016) poursuit le travail de clarification entrepris depuis Ce qui fut sans lumière (1987) et Début et fin de la neige (1991). La publication de ces poèmes, dont certains ont fait l’objet de livres d’artiste (Mehdi Qotbi, François de Asis, Farhad Ostovani) chez des éditeurs français et italiens, coïncide avec celles d’un essai sur André Breton(André Breton à l’avant de soi, 2001) et de « récits en rêve » (Le Théâtre des enfants, 2001) ainsi qu’avec la reprise de ses premiers textes surréalistes (Le Cœur-espace, 2001).

Dans Les Planches courbes, le poète marche « à l’avant incertain de soi » sur les « planches » de son théâtre intérieur que sa mémoire et son imagination créatrice explorent à nouveau. Il tente d’élucider les énigmes qui n’ont cessé de le tourmenter : la relation au père et à la mère, les arrière-pays contrastés de son enfance, le rapport entre le mot et la chose, l’image, le sens et la finitude, l’ici et l’ailleurs, le simple et l’espoir.

Une traversée des enfers

Le titre du livre joue sur la polysémie des mythologies chères au poète. Les Planches courbes sont d’abord celles de la barque qui traverse le recueil et toute son odyssée poétique. Explicitement présente dans les longs poèmes de Dans le leurre du seuil (1975), cette barque du passeur ne cesse de ramener Orphée des Enfers. Ce titre polyphonique reprend celui de la cinquième section de l'ouvrage : dans cette prose poétique, Yves Bonnefoy s’inspirant du paganisme gréco-latin et croisant les légendes de saint Christophe et de saint Julien l’Hospitalier, réécrit son mythe de la traversée des Enfers. Cette allégorie met en scène, en contrepoint du mythe de Cérès, déesse de la terre, un jeune garçon qui cherche en vain un père pour passer le fleuve et qui lui substitue un passeur ; alors que les planches de la barque ploient sous le poids des deux passagers, le « géant » qui a pris l’enfant sur ses épaules se met à nager et parvient à le sauver de la noyade. Ce mythe fonde l’espoir qui justifie toute l’œuvre du poète : la figure allégorique du passeur représente la parole qui traverse la mort et conduit jusqu’à la rive salutaire.

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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