LES PORTES DU CIEL. VISIONS DU MONDE DANS L'ÉGYPTE ANCIENNE (exposition)
Les Portes du ciel. Visions du monde dans l'Égypte ancienne, qui s'est déroulée au musée du Louvre, du 6 mars au 29 juin 2009, a donné lieu à la publication d'un catalogue en coédition avec Somogy présentant les quelque trois cent cinquante œuvres exposées couvrant plus de trois millénaires (de l'époque prédynastique à la période gréco-romaine). L'organisation de cette exposition était placée sous la direction de Marc Étienne, conservateur au département des Antiquités égyptiennes du musée parisien.
À la manière des anciens Égyptiens, les portes, réalité matérielle ou virtuelle, représentent des séparations qui structurent les concepts de dualité, comme le dedans et le dehors, l'humain et le divin. Les « portes du ciel » désignent les vantaux de la chapelle portative abritant la statue divine. Point de passage vers un autre monde, cet intitulé ouvre ainsi diverses perspectives correspondant aux thématiques qui jalonnent le parcours de l'exposition. Quatre « passages » entre le ciel (le monde des divinités), la terre (le monde des êtres vivants) et la Douat (l'au-delà, le monde des défunts où se mêlent humains et divins) définissent les limites de chaque portion de l'univers dans l'exposition, tout en révélant un contact permanent entre les dieux et les hommes : le vocabulaire lié au franchissement de ces passages insiste sur la perméabilité des frontières, mais aussi sur le marquage des accès, modérant la circulation entre deux mondes, à l'image d'un dispositif défensif.
La première partie de l'exposition s'attache à présenter les portes du monde divin, cet univers très organisé et formé à partir de références mythologiques. Dans la sphère céleste – résidence divine – comme dans les représentations de celle-ci, l'importance du chiffre quatre est renforcée par l'existence de quatre points cardinaux et d'autant d'étais du ciel (comme les représentations sur les quatre faces du pyramidion d'Iher, musée du Louvre, Paris, le montrent).
La deuxième section présente l'accès à la vie éternelle, rendu possible par le franchissement des portes de l'au-delà, de la Douat, dont l'apparence, très variable, est évoquée dans diverses compositions funéraires (comme le Livre pour sortir le jour plus connu sous l'appellation Livre des Morts) développées sur les papyrus (dans le chapitre 147 du Livre des Morts sur le papyrus de Tchennena, musée du Louvre, sont désignés et représentés les passages à franchir afin d'atteindre le domaine d'Osiris) et sur les panneaux des sarcophages (comme sur celui de la dame Tanethep, musée du Louvre). Ces textes mettent en exergue un espace-temps particulièrement organisé. Ainsi, telles que les portes du tabernacle fermées le soir jusqu'au matin, le périple qu'accomplit chaque nuit le soleil dans l'au-delà peut être divisé en douze heures fictives, jusqu'à sa renaissance au lever matinal. Ce voyage semé d'embûches est aussi celui du défunt identifié à l'astre solaire. Le déroulement du trajet peut être également marqué par la succession de passages à franchir, surveillés par des gardiens, mais aussi par le développement de formules que le défunt doit réciter afin de déjouer les pièges qui lui sont tendus. Ces textes funéraires forment de véritables guides de voyage qui permettent de s'orienter en indiquant le parcours à suivre, les étapes à franchir, ainsi que la destination finale (ainsi de la « carte de l'au-delà » sur les panneaux du cercueil de Sepi, British Museum, Londres). La présence dans ces « manuels » de nombreux termes appartenant au même champ sémantique de la navigation et de l'eau – l'océan primordial, le Noun, lieu de la création, et le Nil, source de toute vie – montre une fois[...]
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Écrit par
- Julie MASQUELIER-LOORIUS : docteur en égyptologie, attachée temporaire d'enseignement et de recherche à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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