PRAIRIES LES, Canada
La région des Prairies, au Canada, correspond à deux réalités concomitantes. Il s’agit d’abord d’un ensemble biogéographique marqué par la présence dominante des graminées, par un climat continental sec (des hivers rudes et de grands écarts de température saisonnière) et un relief généralement plat et homogène, bien que vallonné par endroits. Cette région naturelle appartient aux Grandes Plaines de l’Amérique du Nord, dont la majeure partie se trouve aux États-Unis. Il s’agit également d’une région sociopolitique composée de trois provinces, soit, d’est en ouest, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta.
Les prairies naturelles recouvrent la partie méridionale de cet ensemble politique, alors que sa partie septentrionale est occupée essentiellement par la forêt boréale et caractérisée par un relief plus accidenté et hétérogène découlant d’une géomorphologie glaciaire (glaciations du Quaternaire) et de la présence géologique du bouclier précambrien. Les provinces des Prairies sont bordées à l’est par la province de l’Ontario (Canada central), au sud par la frontière internationale avec les États-Unis (49e parallèle), au nord par le 60e parallèle et à l’ouest par le contrefort des montagnes Rocheuses, partie intégrante de la Cordillère nord-américaine.
Selon les données du recensement (Statistique Canada, 2016), le nombre d’habitants de la région affichait une croissance généralement supérieure à la moyenne nationale entre 2011 et 2016 et représentait, en 2016, environ 18 p. 100 de la population canadienne. La distribution de la population des Prairies est toutefois inégale, l’Alberta abritant presque les deux tiers des effectifs, avec une croissance, une densité et un taux d’urbanisation plus prononcés que dans le Manitoba ou la Saskatchewan. Malgré ces différences locales, le milieu urbain des Prairies dans son ensemble se distingue des autres aires urbaines canadiennes par le poids démographique significatif des populations autochtones. Les villes de Winnipeg (Manitoba) et d’Edmonton (Alberta) viennent d’ailleurs au premier et au deuxième rang à l’échelle nationale en termes d’effectifs autochtones ; les principales villes de la Saskatchewan (Régina et Saskatoon) affichent également des proportions autochtones nettement supérieures à la moyenne des villes au pays.
La portion méridionale de l’ensemble sociopolitique des Prairies est particulièrement propice à l’agriculture (Manitoba et Saskatchewan) et à l’élevage (Alberta), faisant d’elle le grenier à grains du Canada. Si le blé reste le roi incontesté des espèces cultivées, il s’accompagne aujourd’hui d’autres produits céréaliers (seigle ou avoine) ou oléagineux, tels le canola (variété de colza) ou le soja. Ce n’est toutefois pas avant la fin du xixe siècle et le tournant du xxe que la région se voit conférer sa fonction agricole. Avant cela, seule la vallée de la rivière Rouge – dans sa partie britannique, devenue canadienne en 1870, soit la région métropolitaine actuelle de Winnipeg au Manitoba – montrait une activité agricole digne de ce nom. Au moment de l’entrée du Manitoba dans la Confédération en 1870, cette région spécifique des Prairies était peuplée d’environ 12 000 âmes – la très grande majorité appartenant à la Nation métisse, groupe autochtone né du métissage entre les traiteurs eurocanadiens de la fourrure et des femmes des Premières Nations – qui y vivaient d’une économie mixte fondée sur des activités agraires de subsistance complétées notamment par le commerce itinérant et les grandes chasses au bison. L’isolement géographique limite alors beaucoup la vente de surplus agricole. Ce n’est donc qu’à la fin du xixe siècle, avec le développement du chemin de fer – et l’amélioration des techniques d’irrigation – que la conversion vers une économie essentiellement[...]
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Écrit par
- Étienne RIVARD : professeur adjoint en géographie, université de Saint-Boniface à Winnipeg, Manitoba (Canada)
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