LES QUATRE CENTS COUPS, film de François Truffaut
Un film juste, pittoresque et fluide
Les Quatre Cents Coups est d'abord un film sur l'adolescence. On a beaucoup discuté de son caractère autobiographique. François Truffaut a puisé dans ses souvenirs d'enfance pour décrire les difficultés de comportement de son jeune héros, rejeté à la fois par un professeur particulièrement odieux et par des parents qu'il encombre. Mais son film se déroule dans le Paris de la fin des années 1950 et non pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que l'adolescence du cinéaste avait été marquée par l'Occupation allemande de la capitale.
La réussite du film tient à la rencontre entre le réalisateur et son jeune alter ego : Jean-Pierre Léaud est extraordinaire de spontanéité dans la peau d'Antoine. Truffaut a su merveilleusement capter le langage et le comportement des jeunes garçons de cet âge difficile, entre l'enfance et l'adolescence. Il a décrit avec réalisme et minutie le Paris populaire du quartier de la place de Clichy et de ses environs. Mais sa chronique échappe au réalisme noir grâce à l'écran large du CinémaScope et à la musique très lyrique de Jean Constantin.
Truffaut sait également inscrire son film dans une certaine tradition du cinéma français des années 1950. Les acteurs qu'il a choisis pour incarner les adultes, tant Albert Rémy que Claire Maurier, les deux parents, ont des visages familiers pour les spectateurs de la période, tout comme Guy Decomble, le méchant professeur « Petite Feuille », vu dans des dizaines de films policiers très populaires.
Si le film entend s'opposer à l'univers de Delannoy dans Chiens perdus sans collier, il s'appuie en revanche sur de nombreuses références à l'histoire du cinéma. La première séquence dans la classe où circule une photo est une réécriture du début de L'Ange bleu (1930) de Josef von Sternberg. Lorsque Truffaut filme la cour de récréation, c'est Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo qu'il évoque. Le centre de redressement s'inspire de l'univers carcéral de Los Olvidados (1950) de Buñuel, et des films réalistes de la Warner des années 1930, tel Wild Boys of the Road (1933) de William Wellman.
Le succès des Quatre Cents Coups sera tel que le cinéaste lui offrira plusieurs suites où l'on verra progressivement vieillir Antoine Doinel et son interprète Jean-Pierre Léaud. On les retrouve dans L'Amour à vingt ans (1962), Baisers volés (1968), Domicile conjugal (1970) et enfin L'Amour en fuite (1979). Ce dernier film est d'ailleurs construit à partir d'extraits des œuvres précédentes.
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Écrit par
- Michel MARIE : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Autres références
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TRUFFAUT FRANÇOIS (1932-1984)
- Écrit par Joël MAGNY
- 2 164 mots
- 4 médias
Après un court-métrage brillant, Les Mistons (1958), Les 400 Coupsest, avec Hiroshima, mon amour d’Alain Resnais, l’événement du festival de Cannes 1959, même s’il n’obtient que le prix de la mise en scène. Outre l’originalité, la sincérité, la vivacité de l’écriture qui caractérisent ce film, la...