LES RAISINS DE LA COLÈRE, John Steinbeck Fiche de lecture
Le titre du neuvième roman de John Steinbeck (1902-1968), publié en 1939, renvoie à The Battle Hymn of the Republic, hymne antiesclavagiste composé en 1862 par la poétesse américaine Julia Ward Howe, et aussi au livre biblique, le Deutéronome. Son déroulement prend l'allure d'une tragédie nationale qui rappelle l'Exode. C'est un réquisitoire aux accents bibliques concernant les « Okies », fermiers expropriés de l'Oklahoma, que Steinbeck découvrit, mourant de faim sur les routes et dans les camps de Salinas en 1936.
L'exode des Joad
Les Joad, fermiers expropriés de l'Oklahoma, devenu un désert à cause de l'érosion des sols, partent pour la terre promise de Californie, dans une automobile qui tombe sans cesse en panne. Chaque membre de la famille Joad possède des traits qui le rendent immédiatement identifiable : Grandpa est un homme vigoureux qui n'a jamais appris les bonnes manières. Grandma, recrue de fatigue, éreintée par la vie, est portée par une religiosité fanatique. L'oncle John ressemble un peu à Pa qui a tacitement abandonné à sa femme, Man, la direction de la famille. Man, forte, courageuse et patiente, élabore des rêves et des plans pour les autres : « Elle semblait connaître, accepter, accueillir avec joie son rôle de citadelle de sa famille, de refuge inexpugnable. » L'aîné des fils, Noah, manifeste un comportement étrange. Le cadet, Tom, sort de prison après avoir tué un homme dans une rixe. Le troisième, Al, est un jeune coq qui admire la force tranquille de Tom. L'aînée des filles, Rose de Saron, tout absorbée par son amour pour son freluquet de mari, est enceinte ; c'est elle qui est le plus proche des benjamins, Ruthie et Winfield. La caravane compte aussi Jim Casy, ancien prédicateur devenu un ardent socialiste. Pendant leur dur voyage, Grandpa et Grandma meurent et Noah s'enfuit. Les Joad n'en continuent pas moins leur odyssée. En Californie, les shérifs et les recruteurs de main-d'œuvre les pourchassent. Casy est jeté en prison pour avoir frappé un policier, tandis que le mari de Rose prend la fuite. Hantés par la famine, les Joad passent quelque temps dans un camp de réfugiés d'où ils partent à contre-cœur pour devenir, malgré eux, briseurs de grève, en cueillant des fruits dans un verger boycotté par les ouvriers agricoles. Tom retrouve Casy qui, après avoir pris la tête des grévistes, est tué par des hommes de main du patron. Tom abat le meurtrier de Casy. Les Joad s'enfuient et cachent Tom, puis travaillent comme journaliers à la cueillette du coton. Épuisée et pleine d'appréhension, Man finit par envoyer Tom au loin quand il manifeste l'intention de continuer, comme syndicaliste, l'œuvre de Casy. Pendant un orage diluvien, Rose accouche d'un enfant mort-né. Sans emploi, les Joad font à nouveau face à la disette. Mais Man déclare : « On va pas mourir. Les gens continuent – ils changent un peu, peut-être, mais ils continuent. »
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Écrit par
- Michel FABRE : professeur émérite
Classification
Médias
Autres références
-
STEINBECK JOHN (1902-1968)
- Écrit par Robert ROUGÉ
- 2 069 mots
- 1 média
Si le doute s'insinuait dans Des souris et des hommes, le grand souffle épique de la révolte le dissimule dans Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1939) qui relate l'exode vers la Californie de fermiers endettés de l'Oklahoma, chassés par les grandes banques. La générosité de l'inspiration...