RASTRELLI LES
Italiens d'origine, les deux Bartolomeo Rastrelli, le père et le fils, sont devenus par adoption des artistes russes. Le père naît en 1675 à Florence et meurt en 1744 à Saint-Pétersbourg ; le fils, né en 1700 à Paris, meurt lui aussi à Saint-Pétersbourg en 1771. C'est à 1716 que remonte l'installation de la famille en Russie. Pierre le Grand et ses successeurs, désireux de faire de leur État une monarchie conforme aux modèles de l'Europe occidentale, feront ainsi appel tout au long du xviiie siècle à des artistes italiens ou français, et les plus aventureux d'entre eux trouveront dans ce lointain empire un terrain d'action bien plus vaste et bien moins concurrencé qu'à Paris ou à Rome. Rastrelli, le père, était à la fois architecte, ingénieur et sculpteur. On lui doit deux importantes statues en bronze de Pierre le Grand et de la tsarine Anna Ivanovna.
Le fils, plus remarquable que son père, fut essentiellement un architecte, d'une inspiration si délibérément moderne que, pour les Russes, le nom de Rastrelli est à peu près l'équivalent de rococo. Ses travaux, fort nombreux, sont disséminés dans tout l'ancien empire des tsars ; il faut citer le palais d'Hiver, le couvent Smolny et, au sud de Saint-Pétersbourg, le palais de Tsarskoïe Selo, non pas construit, mais totalement remanié par Rastrelli de 1749 à 1756. L'ampleur du parti général, l'importance des cours et des espaces extérieurs montrent l'attention soutenue prêtée aux maîtres italiens, sinon à ceux de l'Europe centrale. Mais, dans le détail du décor, l'influence française est nettement perceptible. Il serait d'ailleurs injuste de ne voir en Rastrelli qu'un épigone qui transpose en Russie des modèles occidentaux ; il sut, au contraire, tirer parti de l'adaptation des formules baroques aux traditions locales, par exemple dans l'église Saint-André de Kiev (1747-1752).
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
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Médias
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