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LES RUINES DE PARIS, Jacques Réda Fiche de lecture

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Les Ruines de Parisde Jacques Réda a été publié en 1977 dans la collection « Le Chemin » dirigée par Georges Lambrichs aux éditions Gallimard. Ce recueil succède à un cycle de poèmes élégiaques – Amen, 1968 ; Récitatif, 1970 ; La Tourne, 1975 – dont le dernier titre annonce un changement qui va élargir son champ d’inspiration. Originaire de Lunéville, Jacques Réda (1929-2024), écrivain chroniqueur de jazz, évoque sa dérive à travers les arrondissements et les banlieues de Paris où il habite, pour mieux fuir au-delà, sur les rails et les routes, de la Bretagne à Fribourg.

« Le vieux Paris n’est plus… » (Baudelaire)

Le titre du recueil, à double détente, affirme les « ruines », soit la destruction d’un « Paris » mythique, tout en laissant entrevoir par antiphrase la beauté surprenante, pittoresque et aléatoire qui exalte à l’improviste les flâneries de l’auteur.

Rythmé de courtes proses poétiques et comprenant cinq poèmes, ce recueil lyrique chante en deux temps l’odyssée familière d’un promeneur solitaire. Le premier mouvement s’ouvre sur une longue prose marquant le départ du « pied furtif de l’hérétique » « vers six heures, l’hiver » ; puis il fugue en brefs paragraphes narratifs « sans bruit et presque sans paroles », « dans le doux épaississement du gris », pour atteindre dans « on ne sait quoi d’introuvable » « aux environs », la note « bleue » d’« une petite porte ». Il se referme sur le dernier des quatre longs poèmes qui le scandent, avec l’évocation d’une cérémonie orthodoxe à l’église Saint-Serge-de-Radonège, dans le dix-neuvième arrondissement de Paris. Deux fois plus bref, le second mouvement marche au rythme d’une « basse ambulante », clin d’œil à la walkingbass des jazzmen qui accompagnent Réda tout au long de son œuvre. Il conduit le passager des gares et des trains hors de Paris, à travers des « arrêts, buffets, liaisons routières ».

La structure du recueil se développe par cercles concentriques. L’écriture en mouvement prend son départ à la place de la Concorde (« L’espace devient tout à coup maritime. Même par vent presque nul, un souffle d’appareillage s’y fait sentir. »), se promène à Montmartre ou à la Butte-aux-Cailles, puis se tourne vers les banlieues, d’Antony à Saint-Ouen ; dans la seconde partie, le voyageur file en train vers l’Ouest et le Nord-Est, s’amuse à disparaître sur une petite route de Bretagne, dans une pâtisserie à Vienne ou une brasserie à Fribourg ; le périple s’achève dans un wagon couchette de la gare de Saint-Pierre-des-Corps et le souvenir rêvé du « vaste » et « beau » « monde », remontant des fins fonds de la Sarthe ou de l’Orne.

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

Classification

Autres références

  • RÉDA JACQUES (1929-2024)

    • Écrit par et
    • 1 487 mots
    • 1 média
    ...l'œuvre poétique de Jacques Réda commence véritablement en 1968 avec Amen et se poursuit avec Récitatif (1970), La Tourne (1975), les poèmes en prose des Ruines de Paris (1977), Hors les murs (1982), Retour au calme (1989), Lettre sur l'univers et autres discours en vers français (1991), L'incorrigible...