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SEPT SAGES LES

Titre sous lequel Diogène Laërce honore Thalès de Milet, Bias de Priène, Solon d'Athènes, Chilon de Sparte, Périandre (tyran de Corinthe), Épiménide de Crète, Phérécyde de Syros, Pittacos de Mitylène, Cléobule de Lindos (à Rhodes), Myson (originaire d'une obscure bourgade continentale) et Anacharsis (fils d'un roi barbare et d'une Grecque). Si les prêtres de Delphes ont canonisé, en ~ 585/84, une liste des Sept, il faut croire que, pour quelques générations, régnèrent des « immortels » aux noms changeants.

Le titre court de l'un à l'autre. Et aussi la légende, une histoire de talisman de l'autre monde, d'une coupe ou d'un trépied ramassé avec un filet dans la mer ou autrement, attribué par l'oracle au « plus sage » de la ville, transmis par sa modestie a un « plus sage » encore, et finalement remis par « le plus sage » de tous à Apollon : tel un gage que la ronde fait courir du dieu au dieu par la chaîne des sages. Tous les éléments de la légende pointent vers l'Apollon de Delphes. Les formules sapientiales attribuées à l'un ou à l'autre promeuvent une commune éthique de la mesure, la modération. La diversité même des origines, célèbres ou humbles, grecques ou barbares, indique une volonté et une véritable stratégie de culture panhellénique.

On remarque que la liste compte des experts dans la science des nombres, des figures, des astres, des lettres et de la législation ; des hommes de gouvernement, des donneurs de lois, des réformateurs et même un tyran (au titre disputé), à côté de « vieux théologiens ». L'homme sage du ~ vie siècle n'est donc pas, ou pas seulement, un homme de tradition. Il n'est pas seulement un homme de contemplation. Il se définit par une double opposition : d'une part, au type archaïque du devin, maître de vérité ou de mémoire ; d'autre part, à une variété d'artisans ou d'artistes, hommes de métiers. Il s'oppose aux premiers comme maître d'un savoir nouveau ; aux seconds comme expert dans des arts de qualité supérieure, divine ou sublime. Le terme même de sophos a subi une évolution qui le fait passer du sens de l'homme de l'art au sens humaniste de la sagesse, qui n'est ni métier ni science. Le sophos du ~ vie siècle se situerait à mi-chemin, comportant quelque chose de l'homme de l'art, mais dans des savoirs neufs ou des arts relevés, quelque chose aussi de la sacralité attachée, selon le titre de l'ouvrage de M. Detienne, aux « maîtres de vérité » (Les Maîtres de vérité de la Grèce archaïque).

— Clémence RAMNOUX

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  • : professeur honoraire à l'université de Paris, ancien professeur à l'université de Paris-X-Nanterre

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