STEVENS LES
Fils d'un marchand de tableaux, Joseph Stevens (1819-1892), peintre autodidacte né et mort à Bruxelles, est le frère aîné du peintre Alfred Stevens et du critique d'art Arthur Stevens. Il est l'un des premiers peintres du mouvement réaliste qu'on voit se développer, en Belgique comme en France, vers 1850. Il a traité un sujet privilégié, le chien, qu'il a étudié avec un sens de l'observation, un sens de l'analyse et un sens plastique exceptionnellement affirmés. « Un chien de Stevens ne s'isole ni de son monde ni du monde, il fait partie intégrante de la création. À l'image, à l'illustration, aux récits dans lequel il se trouve impliqué se superpose une atmosphère picturale où le petit côté des choses s'atténue jusqu'à disparaître » (P. Fierens). Baudelaire lui a dédié l'un de ses « petits poèmes en prose » consacré aux chiens dans Le Spleen de Paris.
Alfred Stevens (1823-1906) est un Parisien d'adoption que Verhaeren a comparé à Watteau. Il a donné au mouvement réaliste de la seconde moitié du xixe siècle l'une des formes les plus transparentes, sinon l'image spéculaire la plus cohérente, de l'idéologie de la classe dominante, symbolisée par la « re-présentation » de la femme élégante du second Empire, saisie dans la discrète familiarité d'un salon ouaté, parmi les objets qui parlent féminité, amour, modernité, mondanité. Producteur d'images délicates, « in-formées » par un solide métier classique et une technique saturée de subtilités, ce contemporain des Goncourt, auteur d'un essai, Impressions sur la peinture, est l'un des premiers peintres occidentaux à introduire le « japonisme » dans ses compositions : à ce titre, il peut être tenu pour l'un des précurseurs du modern style.
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Écrit par
- Robert L. DELEVOY : directeur de l'École nationale supérieure d'architecture et des arts visuels, Bruxelles
Classification
Médias