Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TITANS LES

Les Titans sont les six fils de la Terre (Gaia) et du Ciel (Ouranos) : Océan, Coios, Crios (Bélier), Hypérion (« qui va au-dessus », Soleil ou père du Soleil), Japet et Cronos « aux pensers courbes » (Hésiode, Théogonie, I, 134 sqq.). Le dernier-né mutile son père, qui les maintenait tous au sein de leur mère ; c'est, dit Hésiode, le Ciel qui les nomma alors Titans : « Il dit qu'en tendant (titainontas) [peut-être le bras, comme Cronos pour saisir le sexe du père, ou peut-être en se tendant eux-mêmes comme lui] dans leur présomption ils avaient accompli un grand acte, dont ensuite il y aurait en second vengeance (tisin) » (Ibid., I, 207 sqq.). Ils ont six sœurs titanides, Théia (la Divine), Rhéa, Thémis (le Droit), Mnémosyne (la Mémoire), Phoebé (la Brillante) et Téthys, à qui ils se peuvent unir : ainsi Cronos à Rhéa. C'est de cette seconde génération que vint, avec les Olympiens, la vengeance prédite. Zeus, le fils soustrait aux dents de Cronos, l'obligea à vomir ses enfants engloutis et triompha des Titans avec l'aide de leurs propres frères — Cyclopes forgeurs de foudre et Hécatonchires aux cent bras — et parfois de leurs propres fils, Prométhée notamment (Eschyle, Prométhée enchaîné, 214 sqq. ; mais il fait de Prométhée un Titan, et non pas, comme Hésiode, le fils de Japet), sinon d'eux-mêmes (l'Océan se serait rangé, lui aussi, aux côtés de Zeus, ou Japet et Mnémosyne, selon les traditions). La lutte, « titanomachie » divinement violente, durait alors depuis dix années (Hésiode, op. cit., 630 sqq.). Avec cette première génération était peut-être ensevelie une première orientation de la religion grecque : part la plus nocturne, comme la première religion perse avant Zarathoustra, ou juive avant Moïse (Walter Otto, Les Dieux de la Grèce, IV), représentée par ces Titans chthoniens — nés de la Terre, enfermés en son sein par leur père céleste, y enfermant leurs frères Cyclopes et Hécatonchires, enfin renfermés par leur propre fils en ce Tartare, loin au-dessous des Enfers —, forts plus que rusés, et plus familiers à la mort que les dieux lumineux de la neigeuse Olympe.

— Barbara CASSIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ATLAS, mythologie

    • Écrit par
    • 132 mots
    • 1 média

    Fils du Titan Japet et de l'océanide Clyméné, frère de Prométhée. Chez Homère, Atlas apparaît comme un être d'origine marine, chargé de maintenir les piliers séparant le ciel et la terre et qui, pensait-on, reposaient au fond de la mer, juste au-delà de l'horizon, dans la direction de l'ouest....

  • ESCHYLE (env. 525-456 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 4 667 mots
    • 3 médias
    ...le Prométhée enchaîné. L'on dirait même à certains égards un réquisitoire d'Eschyle contre la divinité. Le héros de la pièce est le Titan qui, selon la tradition, avait dupé Zeus et dérobé le feu pour le donner aux hommes : Eschyle en fait le héros qui a apporté aux hommes non seulement...
  • HÉSIODE (VIIIe-VIIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 2 493 mots
    ...les forces adverses établit un ordre définitif. Comme l'a montré Jean-Pierre Vernant, la Théogonie est un hymne à la gloire de Zeus roi. Contre les Titans d'abord, contre Typhée ensuite, Zeus engage deux batailles décisives dont l'enjeu est à chaque fois la victoire de l'ordre (...
  • HYPÉRION

    • Écrit par
    • 281 mots

    L'un des Titans, père d'Hélios (le Soleil), de Séléné (la Lune) et d'Éos (l'Aurore), identifié parfois lui-même avec le Soleil (son nom signifie en grec « celui qui va au-dessus [de la Terre] »), Hypérion n'occupe dans la mythologie ancienne qu'une place secondaire. C'est au temps du...

  • Afficher les 11 références