LES TOMBES DES DERNIERS ARISTOCRATES CELTES (exposition)
Dans le livre VI de la Guerre des Gaules, César donne une description des funérailles qui se déroulaient à son époque dans les plus puissantes familles gauloises : elles « sont magnifiques et somptueuses, eu égard au degré de civilisation des Gaulois ; tout ce qu'ils pensent avoir été agréable au défunt, ils le portent au feu, même les animaux, et un peu avant notre temps […] les esclaves et les clients étaient brûlés en même temps ». Dans les années 1980, ce passage constituait encore la principale source d'information sur les funérailles des aristocrates celtes des iie et ier siècles avant J.-C. Ainsi à Paris, en 1987, lorsque le Grand Palais intitula Trésors des princes celtes une exposition consacrée aux tombes aristocratiques de l'Âge du fer au nord des Alpes, les ensembles qui furent présentés dataient tous de l'époque hallstattienne et du début de l'époque laténienne, c'est-à-dire des viie-ve siècles avant J.-C.
L'exposition qui s'est tenue au musée de Bibracte du 17 avril au 26 septembre 1999 a montré de manière très opportune à quel point les recherches archéologiques conduites à partir de 1984 ont renouvelé les connaissances sur un aspect jusqu'alors trop négligé de la civilisation des oppida. Elle a permis de saisir les caractéristiques de la culture de l'élite des cités gauloises, à la fois héritière d'une longue tradition protohistorique, actrice principale des événements qui conduisirent à la conquête romaine et enfin vectrice déterminante de la romanisation.
L'exposition regroupait une douzaine d'ensembles funéraires provenant surtout de France et d'Angleterre, datés entre 150 avant J.-C. et 50 après J.-C.
Comme à l'époque des princes hallstattiens, les tombes sont généralement constituées d'une chambre rectangulaire en bois de plusieurs mètres de côté, par exemple celle de Goeblange-Nospelt au Luxembourg, qui a été reconstituée pour l'exposition. Le défunt a presque toujours subi une crémation. Les ossements brûlés, disposés sur le sol ou dans une enveloppe en matière périssable, occupent une place relativement modeste dans la sépulture. Dans certains cas, le corps est même absent. Le traitement du mobilier funéraire est très varié. Parfois, les objets accompagnent le cadavre sur le bûcher et sont ensuite déposés sous la forme de fragments déformés et fondus. Ailleurs, le mobilier funéraire, abondant et intact, est rigoureusement ordonné. La sépulture peut alors reproduire l'organisation de la pièce principale de la maison, autour d'un foyer central.
La plupart des tombes présentées étaient masculines. Selon la tradition laténienne, les objets de l'équipement personnel sélectionnés au moment des funérailles mettent l'accent sur les fonctions militaires du défunt. L'armement ne s'est guère modifié depuis le ve siècle. Il comporte une ou plusieurs épées en fer, un grand bouclier de type celtique et, plus rarement, un casque ou une cotte de mailles. Comme dans les tombes aristocratiques hallstattiennes et laténiennes depuis le viiie siècle avant J.-C., l'ensemble est complété par des éléments de char de combat ou de transport et par des pièces de harnachement de chevaux.
La participation aux banquets constitue l'autre activité centrale de la vie aristocratique. Le service du vin retrouve le faste qu'il avait aux vie et ve siècles. Les importations abondent dès le milieu du iie siècle avant J.-C. Cruches, patères et louches en bronze côtoient les nouvelles céramiques importées, comme la céramique sigillée italique, et les coupes en verre. Les productions laténiennes – cornes à boire et seaux en bois à revêtement métallique – sont ornées de belles compositions du dernier style celtique. À la différence des tombes aristocratiques plus anciennes, le mobilier funéraire[...]
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Écrit par
- Stéphane VERGER : directeur des études pour l'Antiquité à l'École française de Rome
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