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LES TOMBES PEINTES DE PAESTUM (exposition)

À une centaine de kilomètres au sud de Naples, sur le rivage tyrrhénien, se dressent les imposants vestiges de la cité de Paestum, l'ancienne Poseidônia fondée par des colons grecs venus de Sybaris au viie siècle avant J.-C. : ses trois temples doriques constituent les édifices les mieux conservés de toute l'Italie grecque. À côté de ce saisissant ensemble architectural, le visiteur ne peut manquer d'être frappé par la beauté de la célèbre tombe du Plongeur (ive s. av. J.-C.), découverte en 1968 et présentée au musée de Paestum.

L'exposition qui s'est tenue du 25 mars au 26 juin 1998 au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, après avoir été présentée au musée de Lattes et avant de rejoindre le musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon, n'a pas négligé cet étrange monument, qui a été reconstitué à échelle réelle ; mais elle a surtout mis l'accent sur l'ampleur des découvertes réalisées depuis trente ans dans les nécropoles situées à l'extérieur des murailles de la ville : ces fouilles systématiques ont en fait poursuivi un travail d'exploration commencé au début du xixe siècle, après la « redécouverte » du site, qui avait permis la mise au jour de nombreuses parois peintes. Mais ces documents, qui renvoient pour l'essentiel à une période – le ive siècle avant J.-C. – marquée par la domination sur la cité grecque d'une population indigène, les Lucaniens, ont été longtemps considérés comme de faible intérêt : ils étaient jugés inférieurs aux modèles, grecs ou étrusques, auxquels on les comparait. C'est une approche nouvelle de ces représentations figurées qui est exprimée ici : le corpus des peintures funéraires paestanes constitue non seulement un patrimoine artistique précieux si l'on songe au naufrage presque total de la peinture de l’Antiquité classique, mais aussi un document ethnographique exceptionnel.

L'exposition était donc organisée selon des critères méthodologiques : les coutumes funéraires en vigueur dans la phase d'occupation grecque du site – parois nues, mobilier très réduit – changent après la prise de possession de Paestum par les Lucaniens. On note désormais la présence éventuelle de peintures sur les côtés internes de la tombe et l'accumulation d'objets qui soulignent les différences de sexe, d'âge et de rang social. La structure des monuments, pour la plupart des tombes à caisse, demeure, elle, inchangée. Cette mise en perspective révèle le caractère atypique de la tombe du Plongeur, qui comporte un mobilier de type grec et un décor peint dont la présence ressortit aux régions périphériques de l'hellénisme, en particulier au monde étrusco-campanien. Sur les parois latérales se déroule une scène de banquet, qui reprend les caractères traditionnels de l'iconographie du symposium grec : elles mettent en scène un univers de jeunes gens où interviennent la musique, le chant, le jeu. Mais, sur la plaque de couverture, le fameux plongeon effectué par un jeune homme nu vers une étendue d'eau ne laisse pas d'intriguer : la présence d'un édifice formé de blocs de pierre au-delà duquel s'élance le plongeur, et qui paraît symboliser les limites du monde habité, suggère une signification d'ordre eschatologique : métaphore du passage de la vie à la mort, l'image est peut-être nourrie aussi de croyances ésotériques concernant l'au-delà, qui ont connu un développement particulier en Grande-Grèce.

Mais la tombe du Plongeur demeure un témoignage isolé, antérieur de presque un siècle aux tombes peintes qui constituaient le noyau de l'exposition : au nombre d'une centaine sur le millier de tombes découvertes, celles-ci se rattachent à la période d'occupation lucanienne du site ; les peintures ont été exécutées[...]

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supéreiure, agrégée-répétiteur à l'École normale supérieure

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