LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT (J. Tati), en bref
Jacques Tati (1908-1982) avait renouvelé le cinéma comique français en alliant, dans Jour de fête, le burlesque muet à la modernité d'un cinéma de l'observation. Après François le facteur, témoin d'une France rurale en voie de disparition, il invente Hulot, qui naît en même temps que cette civilisation des loisirs dont vont abondamment parler les sociologues. Hurluberlu sorti de nulle part, à la fois désireux et incapable de s'intégrer dans le groupe de vacanciers d'une petite station balnéaire de la côte Atlantique, le personnage inventé ici émeut et dérange, et, sans avoir l'air d'y toucher, vient perturber la machinerie sociale qui règle la moindre de nos actions. S'il y a des moments de prouesse dans Les Vacances de Monsieur Hulot (la partie de tennis, l'enterrement), le film se déroule au gré du temps qui passe, des repas, des rencontres de son héros avec la jeune fille de bonne famille, l'Anglaise, le vieux couple, l'homme d'affaires, les enfants, les serveurs... Pour qui recherche ici une « histoire », il ne se passe rien. Mais pour qui sait regarder, c'est-à-dire participer au regard de Tati-Hulot, le monde révèle sa cocasserie, son absurdité, ses infimes dérèglements. Une école du regard, où chacun peut devenir un « personnage » et (ré)apprendre à vivre poétiquement, est née.
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
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