LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT, film de Jacques Tati
Avec Jour de fête (1949), portrait d'une France rurale d'après-guerre hantée par le modernisme et le modèle « américain », Jacques Tati (1907-1982) avait obtenu le succès en inventant le personnage du facteur François, caricature du Français bon enfant et bougon, déjà présent dans son court-métrage L'École des facteurs (1947). Mais il se refuse à donner la suite qu'on attendait à ses aventures, et crée un nouveau personnage. Celui-ci, contrairement au précédent, va s'imposer malgré son créateur : c'est le mystérieux Monsieur Hulot.
Le cinéma avait connu des films-chroniques autour du thème des loisirs, comme le semi-documentaire Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag, 1930), de Robert Siodmak et Edgar Ulmer, et le charmant Dimanche d'août (Domenica d'Agosto, 1950) de Luciano Emmer, qui se déroule sur la plage d'Ostie. Extérieurement, le film de Tati semble se rattacher à ce genre, mais il faut voir que, sous une allure nonchalante, sa construction est d'une grande rigueur, se servant notamment de la circulation d'un thème musical entendu au générique, siffloté dans la rue, joué sur un disque, etc., pour relier les différents personnages sans qu'ils s'en aperçoivent.
Des vacances en bord de mer
La ruée vers les congés payés, au début des années 1950. Une petite station balnéaire, sur la côte Atlantique, avec un hôtel où semblent s'ennuyer, outre le propriétaire ronchon, une dame anglaise, une famille d'Alsaciens (où le père reste en liaison téléphonique avec le bureau), un militaire qui harcèle tout le monde du récit de ses exploits, un vieux couple où le mari suit sa femme comme un toutou. Non loin de là, une jeune fille bien élevée, Martine, habite chez sa tante. Arrive un personnage « différent », le peu loquace Monsieur Hulot, très désuet aussi bien par sa voiture crachotante et démodée, que par sa tenue vestimentaire et sa politesse vieille France. Sa présence, et parfois ses maladresses, perturbent la tranquillité du lieu (notamment quand il déclenche prématurément le feu d'artifice du 14 juillet). Il croise plusieurs fois Martine et danse avec elle lors d'un bal masqué. Les vacances se terminent et la station retrouve sa solitude de hors-saison, mais Hulot aura offert involontairement, aux enfants et à la dame anglaise, des vacances amusantes.
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Écrit par
- Michel CHION : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III
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