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LES VAGUES, Virginia Woolf Fiche de lecture

Virginia Woolf publia Les Vagues en 1931 dans la Hogarth Press, la maison d’édition qu’elle avait fondée avec son mari, trois ans après Orlando et deux ans après Un lieu à soi. Cet ouvrage expérimental, typique du modernisme britannique, se présente, selon les mots de l’auteure, comme « un livre entièrement nouveau » (Lettres, 20 mars 1929) et un « poème dramatique » (Journal, 18 juin 1927) ; une série de neuf « intermèdes » (Journal, 26 janvier 1930) en italique annonce, telles des didascalies, les moments successifs de la narration, où six voix différentes s’expriment à tour de rôle en une série de « monologues dramatiques » (Journal, 20 août 1930). Cette structure inhabituelle pour un roman s'accompagne d'un style poétique éminemment métaphorique.

Un roman ? Une élégie ?

Conçus comme une toile de fond décrite par une voix impersonnelle, les intermèdes suivent « la nature indifférente » (Journal, 26 janvier 1930) – le soleil, le vent, la pluie, les vagues mais aussi les oiseaux ou les escargots – du début à la fin de la journée. Ils rythment également les étapes de la vie des six personnages réduits à des voix qui s’expriment à la première personne, dans un style lyrique et uniforme. Ainsi suit-on Susan, Jinny, Rhoda, Neville, Louis et Bernard de la tendre enfance à leurs années d'école puis, pour certains, d’université et, enfin, tout au long de leur âge adulte. Ils se retrouvent autour de Percival, figure « héroïque », selon eux, que l'on n’entend jamais mais dont l’évocation cimente leur amitié.

La narrativité, que Virginia Woolf associe avec mépris aux auteurs réalistes (Journal, 28 novembre 1928), disparaît totalement de ce texte tout comme les personnages conventionnels. Woolf s’étonnait d’ailleurs, à la parution du roman, que le Times louât ses personnages alors que son « intention était de ne pas en avoir », comme elle le confiait à son Journal le 8 octobre 1931. Ici, les voix transmettent leurs sensations et leurs émotions, leurs désirs et leurs frustrations ainsi que leur perception des uns et des autres en « une gigantesque conversation » (Journal, 26 janvier 1930). Ainsi, peu à peu, et bien que le livre se veuille « abstrait » (Journal, 7 novembre 1928), le portrait de chacun de ces personnages est esquissé ; les traits psychologiques saillants s'affirment au fil des pages et des réseaux d’images ; les enfants qu'ils sont au début grandissent et s'épanouissent avec plus ou moins de bonheur.

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Écrit par

  • : professeure des Universités, docteure en littérature britannique, agrégée d'anglais

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    1895 Mort de Julia Stephen, mère de Virginia. Première dépression nerveuse de celle-ci.

    1897 Virginia commence à tenir régulièrement un journal.

    1898-1900 Virginia suit des cours au King's College de Londres.

    1904 Mort de...