Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VERTS LES, France

L'écologie politique a fait son entrée sur la scène française avec la candidature de René Dumont à l'élection présidentielle de 1974. Critiques à l'égard des institutions, les écologistes se sont d'abord engagés dans des associations environnementalistes, tiers-mondistes et humanistes. Le mouvement antinucléaire a servi de catalyseur aux revendications en raison du soutien que les mouvements d'extrême gauche, dont la gauche autogestionnaire, ont apporté à ses manifestations. Le mouvement écologiste a progressivement coalisé les revendications de la « nouvelle politique », articulant des demandes en termes de droits, d'identité, de participation démocratique aux problématiques portant sur la mise en question du modèle de développement économique et social.

En 1979, la constitution d'une liste menée par Solange Fernex lors de la première élection du Parlement européen a favorisé la formation d'une structure à la fois durable et nationale, le Mouvement d'écologie politique (ME.P.), dont la réalité s'est progressivement imposée comme la meilleure façon de promouvoir les revendications écologistes. Le M.E.P., hiérarchisé et centralisé, a suscité la fondation d'une organisation rivale, la Confédération écologiste. Les deux groupes revendiquant le label et le titre de Verts ont fusionné en 1984, sous le nom complexe de « Les Verts-Confédération écologiste - Parti écologiste ».

Historique

Dans un premier temps, les Verts ont exploré les possibilités d'alliances électorales avec la « deuxième gauche » mais les succès furent mitigés. En outre, de nombreux militants demeuraient réticents à toute inscription dans le jeu politique traditionnel. En 1986, une nouvelle majorité (dominée par Antoine Waechter et marquée par le courant naturaliste) a imposé une stratégie d'autonomie stricte. Le « ni droite ni gauche » est devenu la position officielle du parti, contribuant à la définition d'une identité verte résolument environnementaliste et autonome. En 1989, les Verts remportèrent leur premier succès électoral d'envergure : avec 11 p. 100 des voix, plusieurs centaines de Verts entrèrent dans les conseils municipaux et huit députés européens furent élus. Portés par la vague environnementaliste en Europe, de nouveaux groupes politiques se réclamant de l'environnement furent formés, parmi lesquels Génération Écologie (1990). Fondé par Brice Lalonde, ancien président des Amis de la Terre et candidat écologiste à la présidentielle de 1981, alors ministre de l'Environnement dans le gouvernement de Michel Rocard, ce parti fut en compétition directe avec les Verts pour les élections régionales de 1992. Convaincus que leur antériorité était gage de leur légitimité, les Verts refusèrent de coopérer au risque d'être dénoncés comme « intégristes ». En dépit de leurs divisions, les écologistes obtinrent un score honorable (13,9 p. 100) et plus de 200 militants entrèrent dans les conseils régionaux. Tirant les leçons de ces différends, les deux formations acceptèrent de se présenter ensemble pour les législatives de 1993. Bien qu'historiquement excellents (7,8 p. 100), les résultats ne furent pas à la hauteur des espérances de certains militants et devinrent prétextes à de nouveaux déchirements idéologiques et stratégiques.

Malgré leur attitude critique à l'égard des institutions de la Ve République et leur rejet de la personnalisation politique, les écologistes s'inscrivent dans un jeu politique national dominé par l'élection présidentielle. La campagne confère nécessairement à celui qui incarne la candidature écologiste une visibilité particulière, conférant de facto un leadership informel sur le mouvement à une personnalité et à son organisation. En 1995, la compétition fut sévère dans un mouvement éclaté en[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en science politique, chercheuse au Cevipof (Centre d'études politiques de Sciences Po)

Classification

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...de gouvernement mais les socialistes, sous la houlette de Lionel Jospin, avaient réussi à négocier en janvier 1997 un accord électoral partiel avec les Verts et le Parti radical, leur réservant certaines circonscriptions en échange d'un appui accordé par eux dans d'autres. La dissolution surprise permet...
  • ÉCOLOGISTE MOUVEMENT

    • Écrit par et
    • 12 528 mots
    • 5 médias
    ...Cette confédération refuse la notion de parti, préfère une structure associative et privilégie les luttes locales. Le divorce est consommé avec le MEP que dirige Fernex. En 1982, le MEP devientLes Verts-Parti écologiste (Verts-PE), et la CE devient Les Verts-Confédération écologiste (Verts-CE).
  • FRANCE - L'année politique 2012

    • Écrit par
    • 3 582 mots
    • 2 médias
    ...conséquences limitées. Au-delà des critiques virulentes de Jean-Luc Mélenchon dont la formation, le Parti de gauche, ne participe pas au gouvernement, les principales dissensions transparaissent dans les relations du gouvernement avec Europe Écologie-Les Verts, dont Daniel Cohn-Bendit s'éloigne d'ailleurs...
  • FRANCE - L'année politique 2010

    • Écrit par
    • 4 599 mots
    ...être le candidat commun de son parti et du P.C.F., où Pierre Laurent a remplacé Marie-George Buffet en juin. Du côté écologiste, Europe-Écologie et Les Verts fusionnent en novembre, provoquant une certaine marginalisation de Daniel Cohn-Bendit, et l'ancienne juge Eva Joly, députée européenne,...
  • Afficher les 10 références