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VERTS LES, France

Organisation

Les écologistes, en démontrant le soutien dont ils bénéficient dans la population, espéraient imposer aux partis un infléchissement de l'orientation productiviste de leurs programmes. La participation régulière aux élections a marqué le passage du mouvement social au mouvement politique et imposé un mode d'organisation plus conventionnel. Le choix de la stratégie électorale a permis de faire connaître l'écologie à un vaste public même si les contraintes institutionnelles et médiatiques ont partiellement conduit les écologistes à renoncer à l'idéal d'une politique conduite par des amateurs temporairement investis dans les institutions. Par ailleurs, la pratique de la démocratie directe et participative s'est révélée extrêmement difficile dès lors que la durabilité et la popularité de l'écologie ont eu fait d'elle un partenaire électoral potentiel.

Il a fallu près de dix ans pour que les militants écologistes acceptent l'idée d'une formation durable et presque autant pour qu'ils admettent être un parti politique. Jusqu'en 1992, les statuts s'inscrivaient dans le cadre de la loi de 1901 sur les associations, les Verts préférant marquer ainsi leur proximité revendiquée avec la société civile. En effet, dès la création du parti en 1984, les premiers statuts constituaient une sorte de compromis malaisé entre différents courants idéologiques qui conçurent des mécanismes de blocage organisationnel afin de limiter l'influence de « l'autre bord ». Vingt ans plus tard, les statuts ont conservé un caractère hybride, combinant souci d'efficacité et exigence d'autonomie, refus des hiérarchies et institutionnalisation progressive, rejet de la personnalisation du pouvoir et dépendance à l'égard de quelques personnalités clés. Ces tensions expliquent les pesanteurs du fonctionnement interne et des incohérences occasionnelles qui compliquent tout effort pour s'engager dans des négociations et des partenariats durables. Elles expliquent également l'auto-imposition de règles strictes de non-cumul des mandats et des positions qui ont freiné l'émergence d'une élite politique et administrative écologiste.

Les structures des Verts demeurent originales. L'assemblée générale fédérale à deux niveaux (régional puis fédéral), réunie tous les deux ans depuis 1997, demeure souveraine. Elle discute les propositions politiques mais surtout adopte une motion d'orientation qui encadre et définit l'action et la stratégie du parti. Le parlement interne (Conseil national inter-régional ou C.N.I.R.) est composé de représentants des régions et d'élus de l'assemblée générale fédérale. Cet organe délibératif est le lieu d'affrontements parfois féroces entre courants qui contribuent à donner du parti une image de divisions et d'indécision. Le collège exécutif compte une quinzaine de membres, élus par scrutin de liste à l'issue de négociations internes entre courants. Au niveau pratique et quotidien, la coordination interne est assurée par un secrétaire national aux fonctions administratives et politiques, tandis que la communication externe est animée par quatre porte-parole nationaux. Cette division du travail garantit au parti une image plurielle qui reflète la diversité des adhérents mais n'est pas toujours très lisible pour les électeurs voire pour les médias. Le même souci de pluralisme en interne explique le choix de la représentation proportionnelle de liste. Ce mode de scrutin tend à favoriser la constitution de « sensibilités » coalisées autour de personnes ou d'idées. Bien que ces sensibilités soient supposées faciliter et structurer le débat démocratique interne, elles contribuent souvent à rigidifier des positions idéologiques. En outre, leur poids dans la sélection des dirigeants et des représentants est tel qu'il limite sérieusement les chances des non-alignés. Pour[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, chercheuse au Cevipof (Centre d'études politiques de Sciences Po)

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