VERTS LES, France
Électeurs, adhérents et militants
Les électeurs écologistes sont principalement issus des « secteurs non productifs » de l'économie, c'est-à-dire que nombre d'entre eux travaillent dans les services, voire dans les services publics. Paradoxalement, si l'on considère la critique du mode de développement occidental dont il se fait l'écho, l'électeur Vert est généralement bien intégré, économiquement et culturellement, au monde urbain. Le caractère citadin de cet électorat nourrit la caricature de l'écologiste ignorant de la nature à laquelle il voue une passion romantique. De fait, l'influence électorale des Verts est marquée dans les grandes régions de croissance urbaine, mais leur présence est plus discrète en milieu rural, en dehors de « lieux chauds » dominés par un problème écologique ponctuel (centrale nucléaire, usine de traitement de déchets, pollutions diverses dont celles liées à l'élevage industriel).
L'étude des caractéristiques socio-démographiques des adhérents Verts montre que ceux-ci sont relativement jeunes, surdiplômés par rapport à l'ensemble de l'électorat et exercent des professions sociales ou de communication, souvent dans le secteur public. Alors qu'ils avaient longtemps refusé l'institutionnalisation, les adhérents Verts ont très largement embrassé les opportunités d'influence offertes par la participation au pouvoir (expérience gouvernementale de la gauche plurielle de 1997, puis participation aux majorités de gauche des collectivités locales : régions, grandes municipalités…). La visibilité institutionnelle et médiatique apportée par l'élection de députés et la nomination de quelques ministres explique l'éphémère croissance des effectifs du parti qui ont dépassé les 10 000 adhérents au tournant du millénaire, avant de se stabiliser autour de 6 000.
Dès la fin des années 1980, les Verts ont accueilli de nombreux militants issus du communisme et de l'extrême gauche. Bien que la composition sociale du parti n'ait guère été modifiée, les orientations politiques des adhérents ont évolué. En 1999, une enquête montrait des Verts enclins à se positionner sur l'axe gauche-droite, contrastant avec le rejet du système politique et partisan dominant jusqu'à la fin des années 1980. Désormais ancrés dans des alliances avec les partis de la gauche gouvernementale, les Verts privilégient l'activisme social par rapport à la lutte environnementaliste. L'opposition au nucléaire (civil et militaire) reste toutefois, plus de trente ans après l'émergence des premiers mouvements écologistes, le thème fédérateur par excellence car il symbolise la prudence à l'égard des conséquences potentielles des développements techniques et scientifiques ainsi que le rejet d'une société autoritaire.
Si les Verts rencontrent des difficultés non seulement à recruter de nouveaux adhérents mais également à les fidéliser, c'est notamment parce qu'ils attirent majoritairement des membres que l'on pourrait qualifier de postmatérialistes : diplômés à l'esprit critique, ils sont peu disposés à se plier à une discipline partisane et privilégient un engagement à la carte où leurs compétences sont reconnues et qui leur donne le sentiment d'être immédiatement efficaces. Environ un quart des adhérents sont renouvelés chaque année. Alors que les membres historiques sont intégrés dans des groupes locaux et souvent dans des « sensibilités » qui favorisent leur investissement dans les structures internes, les recrues les plus récentes sont plus isolées et moins actives. Les Verts demeurent cependant une organisation très ouverte où les ascensions peuvent être rapides, malgré la complexité et l'opacité paradoxale de leur mode de fonctionnement faiblement institutionnalisé.[...]
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Écrit par
- Florence FAUCHER-KING : docteur en science politique, chercheuse au Cevipof (Centre d'études politiques de Sciences Po)
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