VISCHER LES
Famille de sculpteurs et de fondeurs allemands établis à Nuremberg. De l'atelier des Vischer sont sorties quelques œuvres maîtresses de la sculpture allemande, les premières à incarner pleinement au nord des Alpes l'esprit de la Renaissance italienne. Le plus important de ces fondeurs est Peter Vischer l'Ancien (1460 env.-1529). Formé auprès de son père Hermann (établi à Nuremberg en 1453, mort en 1487), il accède en 1489 à la maîtrise dans la corporation des fondeurs et continue l'entreprise paternelle. Trois de ses fils travaillèrent avec lui. L'aîné, Hermann, né vers 1485, disparut accidentellement en 1516 ou en 1517 après avoir fait le voyage d'Italie. Le second, Peter le Jeune, né en 1487, sans doute le plus doué, mourut en 1528, soit un an avant son père. Il appartenait à Hans, né vers 1489, de reprendre la firme, qui s'était acquis une vaste réputation et travaillait pour toute l'Europe centrale ; mais elle succomba cependant à des difficultés financières : endetté, Hans quitta Nuremberg en 1549 pour mourir à Eichstätt l'année suivante.
L'organisation même du travail dans l'atelier empêche d'identifier avec certitude la part qui revient à chaque membre de la famille. Toutefois, Peter Vischer le Jeune semble avoir été particulièrement doué pour les œuvres de petites dimensions, statuettes et plaquettes conçues dans l'esprit des petits bronzes italiens. Aussi lui attribue-t-on les petites figures d'une fantaisie charmante qui animent l'œuvre la plus importante sortie de l'atelier des Vischer, le monument qui entoure la châsse de saint Sebald dans l'église du même nom à Nuremberg, alors que les grandes statues d'apôtres et de prophètes, plus sévères et d'un réalisme plus proche de celui qui caractérise le gothique tardif, seraient dues à son père. Parmi les autres grandes œuvres produites par les Vischer, on doit mentionner les statues des rois Arthur et Théodoric, deux des nombreuses statues d'ancêtres destinées à orner le tombeau de l'empereur Maximilien Ier. Pour cette vaste entreprise, comparable au projet de Michel-Ange pour le tombeau de Jules II, Maximilien avait dû faire appel à un grand nombre de dessinateurs, de sculpteurs et de fondeurs allemands. Les deux statues exécutées dans l'atelier des Vischer le furent d'après des dessins de Dürer, tout comme l'avait été la statue funéraire du comte Otto IV von Henneberg, œuvre de jeunesse de Peter Vischer l'Ancien (église de Römhild, Allemagne). Cette collaboration entre les peintres et dessinateurs, à qui étaient demandés des modèles, et les sculpteurs chargés de la réalisation en bois, en pierre ou en bronze est constante dans l'Allemagne de l'époque : si l'on sait que le tombeau de saint Sebald est bien de l'invention des Vischer, il est donc impossible de se montrer aussi affirmatif pour les œuvres dont les modèles ont disparu.
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Écrit par
- Pierre VAISSE : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève
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