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LES VOIES DE LA CRÉATION EN ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE. ANTIQUITÉ ET MOYEN ÂGE, André Grabar Fiche de lecture

Dans sa synthèse sur l'iconographie de l'art chrétien, André Grabar (1896-1990) étudie les interprétations des sujets religieux que donnent les images durant l'Antiquité et le Moyen Âge. Le thème de l'étude est neuf, même s'il se situe dans le droit fil des précédents travaux de l'auteur sur L'Empereur dans l'art byzantin (Strasbourg, 1936), sur l'apport de la vie religieuse et du culte à la formation d'un langage iconographique (Martyrium, Paris, 1943-1946) et, de façon plus large, sur L'Art de la fin de l'Antiquité et du Moyen Âge (Paris, 1968). Il s'agit dans Les Voies de la création en iconographie chrétienne de brosser une vue d'ensemble sur l'histoire de la création iconographique dans les principaux pays chrétiens, de part et d'autre de la Méditerranée et pendant plus d'un millénaire, depuis le début de l'Antiquité chrétienne jusqu'à la fin du Moyen Âge. Centré sur Byzance et le monde byzantin, l'ouvrage aborde le Moyen-Orient musulman, iranien et juif, puis l'Occident. André Grabar renouvelle ainsi l'étude de l'enseignement chrétien par l'image, tout autant que celle de l'histoire de l'art dont il éclaire les choix formels. Sa réflexion se développe selon trois axes principaux : d'abord, les principes de l'iconographie antique et chrétienne, à travers l'assimilation de l'image antique par l'art chrétien, le développement du portrait et l'examen des rapports entre figuration et dogme ; ensuite, les principes d'une iconographie chrétienne médiévale après, notamment, la période de la refondation byzantine, une fois passé l'iconoclasme (725-843) ; enfin, les traces d'une iconographie populaire. Un triple apport s'en dégage qui reste, aujourd'hui encore, fondamental.

Une iconographie dynamique

En s'appuyant sur les sources documentaires et textuelles nécessaires à la compréhension d'une iconographie chrétienne, André Grabar soutient l'idée, très originale pour son époque, de la valeur sémiologique de l'image. Il compare l'iconographie à un discours écrit et les images aux mots, en avançant la notion d'un « répertoire iconographique », qui serait « comme le vocabulaire d'une langue ». Il affirme que « l'iconographie est ce langage visuel qui fait pendant à un langage verbal ». Son mode de compréhension de l'image chrétienne diffère de celui qu'avaient mis en valeur, avant lui, Gabriel Millet (Recherches sur l'iconographie de l'Évangile, École pratique des hautes études, Paris, 1916) et Émile Mâle (L'Art religieux du XIIe siècle en France, Armand Colin, Paris, 1922), parce qu'il repose sur la lecture attentive des niveaux de signification et qu'il débouche sur une véritable herméneutique du savoir. Avec André Grabar et à sa suite, l'iconographe doit porter toute son attention au « fait iconographique », c'est-à-dire au « trait nouveau qui s'ajoute à l'ancien » et qui devient « le vecteur graphique » du sens modifié dans l'image.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne

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