LES VOIES DE LA CRÉATION EN ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE. ANTIQUITÉ ET MOYEN ÂGE, André Grabar Fiche de lecture
L'enquête typologique
Dès lors, André Grabar circonscrit le champ d'exercice de l'iconographie, distinct de celui de l'histoire de l'art, en lui assignant des buts et des méthodes appropriés, qui consistent à rechercher l'expression figurée des idées théologiques et politiques, celle des doctrines et de la piété, celle enfin des mœurs et des usages sociaux. Par exemple, s'interrogeant, le premier, sur le contenu de l'image de la « Vierge de tendresse » dans l'art byzantin puis dans l'art européen entre les xie et xiiie siècles, il note son substrat gréco-romain, formé du groupe d'une mère et de son enfant. Il remarque la nouveauté médiévale due à la dévotion et à l'intérêt personnel de l'empereur Jean II Comnène (1118-1143), qui va placer cette Vierge d'un nouveau genre, plus maternelle, plus proche des hommes, dans sa chapelle, à l'intérieur du palais impérial, puis largement contribuer à sa diffusion. Celle-ci va être effective dans deux directions, d'une part vers la Russie (le type de la Vierge dite de Vladimir) en 1130-1135, d'autre part vers l'Europe occidentale, par le relais très actif des villes du centre de l'Italie, plus tard, à la fin du xiie et au début du xiiie siècle, au moment des croisades. L'analyse iconographique la plus minutieuse devient l'instrument d'une discrimination très fine, capable d'apporter une contribution décisive aux questions de datation et de localisation des œuvres, essentielles à l'histoire de l'art. Ainsi conduite, l'approche typologique renouvelle l'histoire des formes.
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Écrit par
- Daniel RUSSO : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne
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