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LES YEUX DE MONA (T. Schlesser) Fiche de lecture

Rien dans le parcours universitaire et professionnel de l’historien de l’art Thomas Schlesser (né en 1977 à Paris) ne semblait le prédestiner à rencontrer un succès populaire fulgurant avec son roman Les Yeux de Mona(Albin Michel, 2024). Rien, si ce n’est peut-être, parallèlement à la publication d’essais consacrés à l’histoire de la censure artistique, au pouvoir de la création sur la psyché ou encore à l’artiste Anna-Eva Bergman, son effort de diffusion de l’histoire de l’art auprès du plus grand nombre, dont témoigne la publication de plusieurs ouvrages de vulgarisation (Cent Énigmes de la peinture. La beauté, 2010 ; Une histoire indiscrète du nu féminin, 2010). Toutefois, avec Les Yeux de Mona, l’ambition de Thomas Schlesser, enseignant à École polytechnique et directeur de la fondation Hartung-Bergman (Antibes), revêt une dimension nouvelle : donner à cette diffusion une forme littéraire. Or cette ambition a trouvé un écho aussi large qu’inattendu. Traduit dans de nombreux pays avant même sa parution française, le livre s’est hissé dès sa sortie, à la fin du mois de janvier 2024, aux premiers rangs du classement des meilleures ventes et y est resté de longues semaines, fait rare pour un écrivain jusqu’alors inconnu du grand public.

Une initiation

L'Astronome, Vermeer de Delft - crédits : 	brandstaetter images/ Imagno/ Getty Images

L'Astronome, Vermeer de Delft

Les Yeux de Mona se présente comme un roman initiatique dont l’art et son histoire constitueraient le cœur battant. Mona a dix ans. Elle vit à Montreuil avec ses parents, Camille, femme terne et impulsive, et Paul, brocanteur introverti souffrant d’alcoolisme. Un jour d’automne, alors qu’elle est occupée à faire ses devoirs, l’enfant devient soudainement aveugle. L’épisode de cécité ne dure qu’une heure, laissant perplexe l’ophtalmologue (et hypnotiseur) consulté en urgence à l’Hôtel-Dieu. Les résultats de la batterie d’examens que subit Mona s’avèrent tous excellents. À défaut d’identifier une cause physiologique au symptôme, le médecin prescrit un accompagnement psychologique. Entre alors en scène Henry, le grand-père maternel de Mona, personnalité atypique et charismatique. Celui-ci, manifestement hostile à la pédopsychiatrie, décide, dans le secret, de se substituer à quelque lointain disciple de Sigmund Freud, pour, en lieu et place d’une thérapie, initier sa petite-fille à « la beauté, la vraie beauté artistique ». Ainsi, pendant une année au cours de laquelle la menace de la cécité continue de planer, Dadé, comme le surnomme Mona, arpente tous les mercredis après-midi le Louvre, le musée d’Orsay puis le Centre Georges-Pompidou en compagnie d’une Mona très réceptive à son discours.

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

Classification

Média

L'Astronome, Vermeer de Delft - crédits : 	brandstaetter images/ Imagno/ Getty Images

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