WHITE LESLIE ALVIN (1900-1975)
Le plus remarquable représentant de l'école néo-évolutionniste américaine. L'anthropologue Leslie A. White suivit d'abord un itinéraire intellectuel complexe qui lui donna une formation largement encyclopédique ; c'est ensuite à l'anthropologie et à la science de la culture qu'il consacra l'essentiel de son activité. Il renoua aussi avec les grands ancêtres de l'évolutionnisme anglo-saxon, tenus à l'écart par Franz Boas et son école.
White fut l'élève de Thorstein Veblen en économie politique, de John B. Watson pour la psychologie du comportement et d'Alexandre Goldenweiser en anthropologie. Cependant, c'est Edward Sapir qui confirma Leslie A. White dans sa vocation anthropologique.
Les travaux qu'il mena avec ses étudiants dans la réserve Seneca, autrefois étudiée par Morgan, l'amenèrent à s'écarter définitivement de l'école de Boas. Il succéda à Julian Stewart, fervent évolutionniste, à l'université du Michigan (1930) et fit du département d'anthropologie un centre de recherche de premier ordre. Il enseigna comme visiting professor à Chicago, à Yale, à Columbia, à Harvard et, en 1936, à l'Institut Yanjing de Pékin.
White a publié plusieurs études sur les Indiens des États-Unis : Indiens Acoma (1932), Pueblo de San Felipe (1932), Pueblo de San Domingo (1935), Pueblo de Santa Ana (1942). En 1949, il condense dans The Science of Culture l'essentiel de ses réflexions d'une dizaine d'années sur une science qu'il a créée, la culturologie ou science de la culture. En 1959, il publie un ouvrage monumental, en quatre volumes, The Evolution of Culture : the Development of the Civilization to the Fall of Rome, dans lequel il expose de façon magistrale ses idées en matière de comportement symbolique et d'évolution culturelle.
Pour White, tout comportement humain est comportement symbolique. Tout symbole est un phénomène social, dont le sens est fourni par le groupe d'individus qui l'utilise. Sans la capacité à symboliser, l'homme serait resté au niveau des anthropoïdes. Quant à l'histoire de l'humanité, qui, pour White, se confond avec l'histoire de la culture et donc de la fonction symbolique, elle est fondée sur la capacité que l'humanité a eue de contrôler la nature et sur l'usage qu'elle a fait, à travers le temps, de l'énergie ainsi libérée sous forme de technologie. Plus une culture est capable d'extraire de l'énergie de la nature, plus elle est évoluée. Toute culture qui pourra domestiquer plus d'énergie qu'une autre, du fait même de la maîtrise de ce surplus d'énergie aura une forme d'organisation sociale et une idéologie plus évoluées et donc supérieures. Dans cette optique, il n'y a en réalité qu'une seule culture évoluée, la culture occidentale, toutes les autres ne représentant que des stades divers sur un continuum allant de l'humanité préhistorique à la nôtre.
La conception du primat du comportement symbolique chez White a joué un grand rôle dans ce qu'il est convenu d'appeler la nouvelle anthropologie, ou anthropologie cognitive.
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Écrit par
- Raymond ECHES : assistant à l'U.E.R. des lettres et sciences humaines de l'université de Nice
Classification
Autres références
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ÉVOLUTIONNISME CULTUREL & SOCIAL
- Écrit par Jean CAZENEUVE
- 2 786 mots
- 2 médias
Parmi les auteurs qui représentent des formes modernes de l'évolutionnisme, on peut citer L. White, V. G. Childe, J. Steward, mais aussi plusieurs anthropologues et sociologues qui s'inspirent du marxisme pour chercher comment l'évolution de la technologie et celle des rapports de production conditionnent...