LESOTHO
Nom officiel | Royaume du Lesotho (LS) |
Chef de l'État | Le roi Letsie III (depuis le 7 février 1996) |
Chef du gouvernement | Sam Matekane (depuis le 28 octobre 2022) |
Capitale | Maseru |
Langues officielles | Anglais, sesotho |
Unité monétaire | Loti (LSL) |
Population (estim.) |
2 120 000 (2024) |
Superficie |
30 355 km²
|
La constitution d'une nation indépendante
La nation sotho s’est constituée face à la menace de deux grands mouvements d'expansion de groupes humains voisins. D'une part, à partir du début du xixe siècle, les conquêtes des Zoulous de Chaka et de ses successeurs ainsi que les pressions exercées par les Ndebele de Mzilikazi poussent un ensemble de chefferies à se regrouper. Solidement ancré dans ces refuges montagneux de Butha-Buthe puis de Thaba Bosiu, le futur roi Moshoeshoe Ier parviendra, en recourant alternativement à la force, aux alliances et au paiement de tributs à des groupes plus puissants, à stabiliser ces chefferies autour de leurs troupeaux. D'autre part, à partir des années 1830, Voortrekkers (les colons afrikaners du Cap lancés à la conquête de terres) et Britanniques exercent une pression croissante sur les terres des Sotho. Moshoeshoe Ier privilégie une alliance avec les Britanniques (traité d'alliance de 1843) pour limiter l'expansion des Voortrekkers. Cela n'empêchera pas le territoire de perdre plus de la moitié de ses terres arables avant de devenir le protectorat du Basutoland en 1868 et de passer sous l'administration de la colonie du Cap en 1871. Après une nouvelle rébellion (Gun War, 1880-1881), le territoire passe directement sous le contrôle de Londres, qui souhaitait l'intégrer à terme à sa colonie d'Afrique du Sud. Les Britanniques assurèrent une gestion minimaliste du territoire, connue sous le nom de « gouvernement parallèle », avec d'autant plus d'aisance que, la propriété foncière ayant été interdite aux colons blancs sur le territoire sotho, la population européenne se limitait à quelques missionnaires et fonctionnaires, et que le système de gouvernement aristocratique et oligarchique de chefferies héréditaires rassemblées autour d'un roi ou d'une reine suprême (paramountchief) continuait à concentrer toute l'autorité. Dans le même temps, dès 1891, le Basutoland était intégré dans une union douanière qui sera consacrée lors de la constitution de l'Union sud-africaine en 1910. L'arrivée du Parti national au pouvoir en Afrique du Sud en 1948 mettra un terme à ce projet d'intégration et conduira, au contraire, à la mise en place d'un processus d'accession progressive à l'indépendance.
Colonie de la Couronne administrée par une Haute Commission également responsable du Swaziland et du Bechuanaland, le Basutoland deviendra ainsi, après l'ouverture en 1955 de négociations, un « royaume souverain et démocratique » par l'Acte constitutionnel d'octobre 1966. Le régime politique, calqué sur le système britannique, est en principe celui d'une monarchie parlementaire. Le roi, assisté d'un conseil privé, détient le pouvoir exécutif mais, sauf quelques exceptions, ne doit gouverner qu'en accord avec le cabinet et le Premier ministre. Le Parlement est bicaméral : l'Assemblée nationale (cent vingt députés élus au suffrage universel) détient les prérogatives principales, tandis que le Sénat (composé des vingt-deux principaux chefs, membres de droit, et de onze sénateurs nommés par le roi) reflète la permanence de la tradition aristocratique et conservatrice. Les tensions entre les formes de légitimité traditionnelle et la légitimité démocratique sont la raison principale de l'instabilité politique du pays.
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Écrit par
- Dominique DARBON : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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