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LÉVIATHAN, Julien Green Fiche de lecture

D'origine américaine, Julien Green (1900-1998) est un grand écrivain français difficile à classer : dominée par le thème du salut, son œuvre romanesque se construit en même temps que son œuvre théâtrale et que le plus long journal de l'histoire de la littérature, puisqu'il court de 1919 à 1998. Né avec le siècle, Julien Green abjure le protestantisme en 1916. Cette décision pèsera sur tout le reste de sa vie ; entre 1926 et 1929, il publie trois chefs-d'œuvre formant trilogie : Mont-Cinère (1926), Adrienne Mesurat (1927) et Léviathan (1929). Émilie, Adrienne et Guéret, les héros respectifs de ces trois romans, ont en commun avec l'auteur son obsession de ne pas se croire aimables ; tous sont le calque de son âme malade où se libèrent par l'écriture romanesque des archétypes récurrents : le feu, la force, la férocité mais aussi le sentiment de la fatalité.

Véritable exorcisme des pulsions, Léviathan monte en un crescendo tragique qui explore les « labyrinthes infernaux des instincts les plus ténébreux » (Klaus Mann). Green refusa néanmoins d'être classé parmi les écrivains catholiques même si, selon ses dires, « la foi est la cause de tous ses tourments », y compris littéraires. Léviathan connut un succès considérable.

Un récit cauchemardesque

Le roman se déroule dans la petite ville de Lorges où Guéret donne rendez-vous à Angèle, jolie fille qui se moque de lui. Pensionnaire chez Madame Londe qui impose à ses clients une discipline de fer, Guéret mène la vie besogneuse d'un répétiteur méprisé par la mère de son élève. Ému par le désarroi de Guéret, le vieux Grosgeorges lui suggère de changer de vie et se vante de sa liaison avec Angèle. Celle-ci annonce à sa tante, Madame Londe, qui la prostitue pour s'assurer de la fidélité de ses clients, qu'elle ne veut plus vendre son corps. Mis hors de lui par la révélation de la double vie d'Angèle, Guéret escalade la façade de la pension, se blesse, pénètre dans la chambre vide de la jeune femme qu'il souille de son sang ; Madame Londe crie au meurtre. Guéret en fuite rencontre Angèle, la frappe violemment au visage et à la poitrine : « Et comme elle essayait de se libérer et de crier, il la frappa à la poitrine et au visage, plusieurs fois. Il lui sembla tout à coup que la rivière, les arbres, l'air, tout remuait autour de lui et qu'un rugissement continu emplissait le ciel. Les poings se levaient et retombaient sans qu'il en fût le maître. » Dans un demi-délire, il arpente les rives du fleuve et les rues de la ville où il tue un vieillard. Angèle dissimule à tous son visage défiguré, tandis que les clients de Madame Londe délaissent la pension. Angèle rencontre Mme Grosgeorges et la supplie de lui donner de l'argent pour quitter la ville. Guéret guette Angèle dans l'espoir de s'enfuir avec elle. Mais, sans argent, il décide à son tour de s'en remettre à Mme Grosgeorges qui le cache chez elle. Elle le trahit et se tire une balle dans le ventre. Guéret est arrêté.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de la philosophie, critique littéraire à Études, poète et traducteur

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