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LÉVIATHAN, Julien Green Fiche de lecture

Le désir qui tue

Dans Léviathan, Julien Green exploite un sujet qui eût pu être traité par le Huysmans de Marthe (1876). Là aussi, une femme avilie déclenche une passion destructrice. Guéret commet un crime passionnel symbolique sur Angèle : en la mutilant, il la fait mourir à elle-même ; les autres personnages viennent souligner la cruauté et le désespoir d'un monde privé de grâce. Et le Léviathan de la Bible, tiré du Livre de Job donne corps à ce monstre sorti des profondeurs de l'inconscient pour affirmer son despotisme et confirmer l'aliénation de l'homme par le mal.

Tout s'organise ainsi en fonction de l'émergence d'une puissance supérieure, obsession propre à Green où la faute, le péché se combinent avec une sorte de transcendance, où l'inéluctable est le fond même des êtres. La réalité décrite dans Léviathan est digne d'une vision relatée par J. J Surin, le mystique jésuite qui exorcisa les possédées de Loudun et qui fascinait Green. La province française est ici décrite avec un tel luxe de détails qu'elle devient ce « mauvais lieu » où les frustrations et les instincts s'exaspèrent. Le Léviathan est peut-être encore plus monstrueux quand il est suscité par une forme et un style d'une telle limpidité.

— Claude-Henry du BORD

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de la philosophie, critique littéraire à Études, poète et traducteur

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