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MUMFORD LEWIS (1895-1990)

Critique et historien de l'architecture et de l'urbanisme, Lewis Mumford est né en 1895 près de New York à Flushing (Long Island). Il a fait des études de sociologie, d'urbanisme et de littérature au New City College of New York, à Columbia University, à New York University, et à la New School for Social Research. Mais c'est essentiellement comme autodidacte qu'il a acquis les connaissances encyclopédiques qui sont à la base de ses livres.

Le projet qui a orienté ses travaux et publications repose sur la notion de usable past empruntée au critique littéraire Van Wyck Brooks. Le passé doit être sondé et utilisé pour que l'on puisse peser par des décisions sur le présent. Le rapport à l'histoire est un axe privilégié de cette œuvre et explique la publication de sommes destinées à éclairer le présent. Lewis Mumford a déployé cette ambition intellectuelle dans trois domaines : l'histoire de la technique, l'histoire des villes et l'histoire de l'architecture américaine. Mais dans son esprit, ces trois domaines ne sont pas séparés. Il s'agit bien pour lui de proposer une interprétation globale de l'histoire des civilisations.

L'historien de la cité à travers les âges

Technics and civilization (1934) se présente comme une vaste étude de l'évolution des rapports de la culture technique avec la civilisation matérielle à travers l'histoire. Lewis Mumford introduit la notion d'âge éotechnique (l'« aube » de la technique, du xe au xviiie siècle approximativement) et, pour l'époque contemporaine, procède à un découpage inspiré des théories du biologiste et urbaniste écossais Patrick Geddes dont il se veut le disciple : à l'époque paléotechnique (« la cité carbonifère ») succède l'époque néotechnique (celle de l'énergie électrique). En réponse aux tenants du Mouvement moderne qui exaltent l'esthétique machiniste en architecture, Mumford plaide pour une maîtrise des techniques et une réorganisation du système capitaliste.

La réflexion sur l'histoire des villes amorcée avec The Culture of Cities (1938) trouve sa conclusion en 1961 avec son ouvrage le plus décisif The City in History. Ces études sur la naissance, la vie et le déclin des cités occidentales insistent sur l'exemplarité de la cité médiévale grâce à son état d'équilibre organique et à la place accordée à la nature. Le diagnostic de la situation contemporaine est plutôt sombre : spéculation immobilière, surpopulation, rôle néfaste des bureaucraties, extensions urbaines incontrôlées, congestion routière, etc. Dans la lignée d'Ebenezer Howard, Lewis Mumford recommande une version actualisée de la cité-jardin. Le régionalisme urbanistique pour lequel Lewis Mumford a milité s'impose comme remède aux maux contemporains. Entre autres responsabilités, il a été, à partir de 1923, l'animateur de la Regional Planning Association of America. Le plaidoyer en faveur d'une décentralisation urbaine rapproche Lewis Mumford de Frank Lloyd Wright qui, dans son projet de « Broadacre City » (1932), avait proposé un modèle de désurbanisme.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

Classification

Autres références

  • ÉCOLOGISTE MOUVEMENT

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  • URBANISME - Théories et réalisations

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