LHASA ou LHASSA
Capitale de la région autonome du Tibet (Xizang), intégrée à la république populaire de Chine, Lhasa est située à 3 630 m d'altitude sur une petite plaine alluviale construite par la rivière Kyichu, affluent du Brahmapoutre supérieur (ou Zangbo). Cette vallée s'inscrit dans la gigantesque cicatrice tectonique ouverte entre la chaîne de l'Himalaya et le Transhimalaya, dans une remarquable position d'abri climatique, ce qui vaut à Lhasa, malgré l'altitude élevée, des hivers moins rigoureux qu'à Pékin. Selon la tradition, c'est au viie siècle qu'aurait été fondée la ville, à l'époque du roi Songsten Gampo (Srong-btsan-sgam-po). De forme grossièrement circulaire — 1,5 km de diamètre environ — la ville fut entourée à la fin du xviie siècle de murailles qu'abattront les Chinois lors de leur intervention en 1720. L'habitat traditionnel est constitué de maisons (en argile pour les pauvres, en maçonnerie pour les plus riches) à deux ou trois étages, dont le rez-de-chaussée aveugle est surmonté de larges balcons de bois. Le centre de la ville est occupé par une vaste place qui accueille le principal marché à proximité du grand temple Jo, ou Jo-khang, le plus ancien monument de Lhasa, qui fut considéré comme le centre de tout le Tibet ; haut de trois étages, son architecture est très remarquable par le mélange d'éléments tibétains, chinois, népalais et indiens.
La ville est dominée par le palais-montagne du Potala, universellement connu ; juché sur une colline de 200 mètres, le Potala mesure 178 mètres de hauteur et 400 mètres de largeur ; il comprend treize étages, dont quatre à l'intérieur du rocher. Construit au viie siècle par le fondateur de Lhasa, il a été restauré et agrandi au xviie siècle. On y distingue deux séries d'édifices : d'une part, les résidences des dalai-lamas et tous les bâtiments réservés au service ; d'autre part, les salles des pagodes funéraires et les salles des sūtra ; au-dessous du palais se trouvent le bâtiment où sont imprimées les sūtra, les salles de torture et les oubliettes. Le Potala recèle une foule de trésors, comme la grande tombe du treizième dalaï-lama (mort en 1933), qui s'élève sur trois étages, soit 25 mètres ; elle est recouverte d'or, et ornée de quarante mille pierres précieuses et de deux cent mille perles.
Lhasa comptait en 1953 quelque 50 000 habitants, dont 20 p. 100 de mendiants et 50 p. 100 de moines ; en 2007, sa population était estimée à environ 122 250 habitants (agglomération : 200 000) dont peut-être les deux tiers de Chinois han, ce qui témoigne de la sinisation poursuivie par Pékin dans la région. Le Tibet, et Lhasa plus particulièrement, sont, depuis 1959, le théâtre d'affrontements violents entre colons chinois et autochtones. La croissance démographique s'est accompagnée d'importants changements structurels : mendiants et serfs sont devenus des travailleurs ordinaires, tandis que le clergé a été persécuté après l'intervention chinoise décisive de 1959. Depuis cette intervention, la structure urbaine de Lhasa a été notablement modifiée : des voies carrossables et bordées d'arbres ont été aménagées, la superficie urbaine a doublé et, sur les terrains vagues qui s'étendaient au pied du Potala a été construit un ensemble de bâtiments destinés aux services (coopérative, banque, école, poste). Des dizaines d'ateliers et d'usines ont été édifiées à l'ouest de la vieille ville, formant une zone industrielle. De grands axes routiers ont été établis, reliant Lhasa à Chengdu (2 410 km) et à Lanzhou (1 915 km), et une liaison aérienne avec Pékin a été inaugurée dès 1956. Depuis 2006, le Qingzang Railway relie Lhasa et Golmud (Qinghai) ; ce chemin de fer à voie unique et à traction Diesel dont le parcours culmine à 5 072 mètres est le plus haut du monde.[...]
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Écrit par
- Pierre TROLLIET : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
Classification
Médias
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