LI LONGMIAN[LI LONG-MIEN](1040-1106)
La peinture au trait
Nourri par l'étude et l'imitation des Anciens : Gu Kaizhi, Wu Daozi, Han Gan, Yan Liben, Li Gonglin réussit à développer une formule originale, celle de la peinture au trait sans nul rehaut de lavis ni couleurs (bai miao), exécutée généralement sur papier (un papier dont la fabrication venait à cette époque de prendre un large développement). Il semble que Li ait réservé l'usage de la soie et des couleurs aux seules copies qu'il exécutait d'après les Anciens. Cette technique linéaire n'était pas inconnue de ses prédécesseurs qui, eux aussi, travaillaient essentiellement au trait, mais la forme austère et blanche d'épure à laquelle Li Gonglin circonscrit sa peinture n'était autrefois pratiquée qu'au niveau de l'esquisse préliminaire (fen ben) et n'avait pas encore pu constituer un langage pictural autonome. Se privant volontairement de l'animation colorée des encrages, la peinture au trait est un genre ingrat qui exige une impeccable maîtrise technique. Chez Li Gonglin, malgré son infaillible précision, le genre échappe à la froideur académique grâce à une souplesse secrète et à un sens exquis des rythmes. L'observation réaliste très aiguë des physionomies, des caractères, des gestes et des attitudes, acquiert, grâce à l'économie du trait, une intense puissance d'expression. Au sein de la règle, Li conserve une aisance aristocratique ; dans le domaine des figures bouddhiques, il imprime à ses sujets une sorte de sécularisation élégante – très caractéristique aussi de la sculpture bouddhique de la même époque.
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Écrit par
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University
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