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O'FLAHERTY LIAM (1896-1984)

Liam O'Flaherty - crédits : Bettmann/ Getty Images

Liam O'Flaherty

Mort à l'âge de quatre-vingt-huit ans, Liam O'Flaherty était, de l'avis de la plupart de ses pairs, un des plus grands écrivains de sa génération, voire, comme l'a dit Sean O'Faolain, le tout premier dans son genre. Dans les années 1920 – sa période de créativité la plus féconde –, son nom est souvent cité avec ceux des Dublinois Joyce et O'Casey comme faisant partie de l'école « réaliste », par opposition à Yeats, Synge et A. E. Russell, tenants de l'école « romantique » précédente (précisons que cette distinction se fondait sur un choix de sujets essentiellement bucoliques et souvent lointains pour ceux-ci, urbains et actuels pour ceux-là). Bien qu'il ait touché à presque tous les genres d'écriture : nouvelles, romans, biographies et autobiographies, œuvres satiriques et polémiques, théâtre, scénarios de film et même poésie, c'est surtout comme romancier et nouvelliste que Liam O'Flaherty a marqué la littérature.

Révolution et littérature

Né dans une île d'Aran sur la côte ouest de l'Irlande, où l'on parle toujours le gaélique, O'Flaherty ne parlera l'anglais qu'à partir de douze ans, quand les pères du Saint-Esprit, qui voient en lui un candidat à la prêtrise, l'envoient à leur collège près de Limerick. Quatre ans plus tard, il est à Blackrock College, où Joyce était aussi passé. De là, il se rend, en tant que boursier, à l'université nationale. Il a beau être maintenant séminariste, c'est l'exaltation nationaliste qui l'attire : il crée parmi les étudiants une section de « volontaires irlandais ». Puis, en 1915, O'Flaherty part se battre en France. Deux ans plus tard, il est rapatrié sur Dublin, gravement atteint physiquement et psychiquement par les conditions de vie au front. Après une longue période de convalescence, dégoûté par une civilisation qui ne débouche que sur l'hypocrisie et la destruction, Liam O'Flaherty quitte l'Europe pour bourlinguer en quête de lui-même à travers le monde. Il décrira cette période de sa vie dans l'autobiographique Deux Années (1930).

De retour en Irlande, O'Flaherty cherche d'abord la paix dans son île natale – situation qui inspire son deuxième roman, L'Âme noire (1924). Bientôt, il monte à Dublin, où gronde la révolution. O'Flaherty fonde avec d'autres le Parti communiste d'Irlande et, alors que se multiplient dans le pays les occupations d'usines, décide, contre l'avis de la plupart de ses camarades, de passer à l'action directe. Il crée un Conseil des chômeurs, organisation à structure militaire qui occupe en janvier 1922 un des principaux bâtiments de Dublin, la salle de concert Rotunda. C'est d'une fenêtre de ce bâtiment que Liam O'Flaherty fait déferler le drapeau rouge. Quatre jours d'une hostilité croissante de la part des Dublinois devaient lui enseigner, en même temps que l'ingratitude de la foule, l'incertitude de la carrière politique. Craignant pour sa sécurité, il part pour Londres où il se réfugie auprès d'une sympathisante républicaine.

C'est ici que commence la véritable carrière littéraire de Liam O'Flaherty. Il avait déjà essayé à diverses reprises, notamment aux États-Unis, d'écrire des ébauches de nouvelles, pour les détruire aussitôt. Ses premiers écrits publiés furent des articles polémiques dans des journaux républicains. Finalement, une nouvelle est publiée qui attire l'attention d'Edward Garnett, célèbre homme de lettres et, de plus, lecteur pour diverses grandes maisons d'édition anglaises. Entre autres, il avait déjà révélé au public Conrad et David Herbert Lawrence. Garnett devait conseiller O'Flaherty et l'aider à discipliner son style par trop passionné.[...]

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Liam O'Flaherty - crédits : Bettmann/ Getty Images

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