LIANG KAI[LEANG K'AI]ET MUQI [MOU-K'I](XIIe-XIIIe s.)
Liang Kai et Muqi
Sur Muqi, on possède encore moins de renseignements que sur Liang Kai : la désapprobation que la critique lettrée des périodes ultérieures fit peser sur leur œuvre à tous deux a entraîné la disparition de presque toute information biographique à leur sujet. Muqi était le surnom littéraire d'un moine dont le nom de religion était Fachang et le nom de famille originel Li. Venu du Sichuan, il aurait été moine au temple de Changqing à Hangzhou. On a souvent cru voir en Muqi le maître de Liang Kai. En réalité, le style de Liang Kai – on vient de l'indiquer – ne fut pas le résultat soudain d'une tardive vocation monastique, mais plutôt la synthèse géniale de divers courants antérieurs. De plus, il semble bien que l'activité de Muqi ait été assez postérieure à celle de Liang et se soit exercée vers le milieu du xiiie siècle. Un point de rencontre entre les deux artistes peut avoir été le monastère de Liutong, où Liang Kai se serait retiré et que Muqi aurait restauré. La relation chronologique entre les deux événements est trop désespérément brouillée pour qu'on puisse élaborer des hypothèses sur une rencontre personnelle des deux artistes. Une chose est certaine : ils participaient du même courant spirituel et artistique, mais chacun y a répondu avec son tempérament propre, plus impétueux et extroverti chez Liang, plus méditatif chez Muqi ; dans l'œuvre du premier se retrouve souvent un certain brio lié aux exercices de virtuosité de l'académie, alors que le second semble avoir plus directement hérité des lettrés du xie siècle (Su Dongpo et Mi Fu), qui aimaient à prendre prétexte d'un accident naturel – rocher, souche ou plante – pour leurs « jeux d'encre » largement affranchis des exigences de réalisme. Capables l'un et l'autre d'aborder magistralement le paysage (témoin pour Liang les Deux Voyageurs dans un paysage de neige, Musée national, Tōkyō, et pour Muqi les trois sections d'un rouleau horizontal : Cloches du soir d'un monastère dans la brume, collection Hatakeyama Issei, Tōkyō ; Oies sauvages sur un banc de sable, collection Sasaki Mosaku, Tōkyō ; Lune d'automne sur le lac Dongting, fondation Reimei-kai, Tōkyō), la spécialité du premier reste avant tout la peinture de figures, tandis que le second traite de préférence les thèmes d'oiseaux et fleurs, animaux, plantes et fruits.
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Écrit par
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University
Classification
Autres références
-
CHINOISE CIVILISATION - Les arts
- Écrit par Corinne DEBAINE-FRANCFORT , Daisy LION-GOLDSCHMIDT , Michel NURIDSANY , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS , Pierre RYCKMANS et Alain THOTE
- 54 368 mots
- 37 médias
...développaient un style spontané et indépendant. Deux grands maîtres, à la fin des Song du Sud, ont exprimé les expériences spirituelles de cette secte : Liang Kai (1140-1210), qui parvint à un style abstrait et expressif, à un art de l'essentiel sans redites ni concessions ; Muqi (actif 1240-1270) dont...