LIBAN
Nom officiel | République libanaise (LB) |
Chef de l'État | Najib Mikati (par intérim depuis le 31 octobre 2022) |
Chef du gouvernement | Najib Mikati (depuis le 10 septembre 2021) |
Capitale | Beyrouth |
Langue officielle | Arabe 2
|
Unité monétaire | Livre libanaise (LBP) |
Population (estim.) |
7 447 000 (2024) |
Superficie |
10 452 km²
|
Article modifié le
Le tournant des années 2000
Dix ans après Taëf, l'État libanais a des difficultés à faire prévaloir son autorité à l'intérieur du pays et sa souveraineté dans l'espace régional. Le contexte des années 2000 est source à la fois d'émancipation par rapport à la présence syrienne et de dangers accrus pour la stabilité politique du pays, après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005.
Mobilisations libanaises face à l'interventionnisme syrien
La fragile réconciliation nationale après les accords de Taëf, le retour du communautarisme, la crise socio-économique et la souveraineté tronquée provoquent une exaspération générale au sein de la société libanaise, particulièrement exacerbée chez les maronites, qui rejettent les interférences syriennes. À Damas s'installe parallèlement un climat d'ouverture avec le nouveau président Bachar al-Assad qui, au pouvoir à partir de juin 2000, semble envisager des réorientations dans sa politique libanaise, tandis que les intellectuels syriens soulèvent des questions inhabituelles dans le débat public, donnant naissance au « printemps de Damas ».
En septembre 2000, le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir affirme « que la situation au Liban a atteint un tel niveau de détérioration qu'il est devenu impératif de dire la vérité, sans réserves » ; il dénonce les fraudes électorales, l'atmosphère de peur et la situation économique désastreuse, et il appelle au retrait des forces syriennes. Le débat est vif dans la presse libanaise, et les étudiants des universités chrétiennes font entendre leur voix dans de grandes manifestations à la fin de 2000 et au début de 2001.
La contestation se prolonge au niveau politique, en particulier après les élections législatives − qui ont eu lieu en septembre 2000 et ont vu la victoire de l'opposition incarnée par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et par le chef druze du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt −, lors du vote de confiance du Parlement au nouveau gouvernement de Rafic Hariri. Des voix dissidentes chrétiennes telles que celles d'Albert Moukheiber, de Pierre Gemayel et de Nassib Lahoud se font entendre ; et Walid Joumblatt, un allié traditionnel de Damas, se déclare favorable au redéploiement des forces syriennes (prévu par les accords de Taëf) et se rapproche du patriarche Sfeir. Toutefois, Bachar al-Assad affirme, en février 2001, que l'armée syrienne demeurera au Liban jusqu'à l'instauration d'une paix régionale. Dans le même temps, le patriarche Sfeir entame une tournée de six semaines en Amérique du Nord, et notamment au Congrès américain, avant d'être accueilli à son retour au Liban par 200 000 personnes. Le camp chrétien se structure politiquement autour du Rassemblement de Qornet Chehwane (avril 2001), qui regroupe les diverses sensibilités chrétiennes, opposées à la tutelle syrienne. Ce mouvement entame un dialogue avec d'autres composantes, notamment musulmanes, de la scène politique, et appelle l'État libanais à négocier avec Damas. Un redéploiement des forces syriennes a lieu à la fin de juin 2001, sans toutefois diminuer l'interventionnisme syrien au Liban, qui se maintient grâce aux clientèles politiques locales ou aux services de renseignement.
Après les attentats du 11 septembre 2001, les dirigeants de Damas sentent que l'activisme de l'administration Bush au Moyen-Orient, prioritairement dirigé contre l'Irak, les vise également (de même que leur allié iranien). Ils renforcent donc leur contrôle direct sur le Liban, qu'ils considèrent comme leur pré carré. Mais ils sont soumis à des menaces explicites de changement de régime par l'administration américaine, après l'échec de la visite du secrétaire d'État Colin Powell en mai 2002 et le vote, par le Congrès, du[...]
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Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Elizabeth PICARD : chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques, docteur en science politique
- Éric VERDEIL : chargé de recherches au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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