LIBERIA
Nom officiel | République du Liberia (LR) |
Chef de l'État et du gouvernement | Joseph Boakai (depuis le 22 janvier 2024) |
Capitale | Monrovia |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Dollar libérien (LRD) |
Population (estim.) |
5 498 000 (2024) |
Superficie |
97 036 km²
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Vie politique
Largement inspirées du modèle américain, les institutions politiques libériennes reposent, jusqu'au coup d'État de Samuel K. Doe en avril 1980, sur un exécutif fort. Le président, élu pour quatre ans et secondé par un vice-président, en est la clé de voûte. Jusque-là, la vie politique s'est organisée autour d'un parti unique, le True Whig Party (T.W.P.), monopolisant le pouvoir depuis 1869. Jusqu'à son interdiction après le coup d'État, le T.W.P. fut l'instrument de la domination politique des Américano-Libériens.
L'ère Tubman
Les bouleversements nés de la Seconde Guerre mondiale coïncident au Liberia avec l'accession à la magistrature suprême d'un homme qui allait marquer profondément l'histoire de son pays : William Vacanarat Schadrach Tubman. Descendant d'une famille originaire de Georgie, fils de pasteur méthodiste, il embrassa tôt la carrière politique et devint à vingt-huit ans le plus jeune sénateur de l'histoire du Liberia. Nommé à la Cour suprême en 1937, il fut élu chef de l'État à la fin de 1943, et investi officiellement en janvier 1944. Il resta à la tête de son pays pendant vingt-sept ans, son dernier mandat étant interrompu par la mort en 1971.
William Tubman est resté célèbre pour ses efforts d'intégration de la population autochtone. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, il se montrait conscient des divisions du pays entre la minorité américano-libérienne, très soudée par les liens du sang, l'histoire et l'appartenance à la franc-maçonnerie, et la grande masse des indigènes, qui restaient largement exclus de l'accès aux ressources politiques et économiques. Mettant en œuvre sa politique dite d'unification au prix de tensions parfois vives avec la minorité américano-libérienne, William Tubman entreprit de réconcilier les deux principales composantes de la population. Les mesures les plus significatives consistèrent à désenclaver l'arrière-pays et à donner à ses populations une représentation politique digne de ce nom. Conduite méthodiquement, la politique d'unification consolidait la domination de la minorité américano-libérienne en même temps qu'elle facilitait la mise en valeur des ressources économiques nationales en favorisant l'adhésion de la périphérie aux objectifs du pouvoir central. La cooptation de segments des élites locales à des postes de responsabilité politique ou administrative, leur assimilation à la minorité américano-libérienne par des mariages mixtes, l'extension vers l'intérieur des réseaux de patronage côtiers contrôlés par les descendants des premiers colons, la dispersion de la population autochtone, tous ces facteurs conjugués empêchaient la cristallisation d'identités locales ou régionales et jouaient en faveur de la stabilité du régime.
Celle-ci était d'autant plus grande qu'à l'apaisement du climat politique répondait une croissance économique remarquable quoique trompeuse. D'abord lents, les résultats s'accélérèrent à partir des années 1960. En effet, le caoutchouc restait, au début des années 1950, la principale source de devises. Bientôt, toutefois, le minerai de fer puis l'exploitation de la forêt prirent le relais. Les facilités fiscales attiraient les investissements étrangers, dont la valeur fut multipliée par 200 entre 1944 et 1970. Américains, Suédois, Allemands se partageaient l'exploitation des mines de fer dont la production atteignit plus de 20 millions de tonnes en 1974, faisant du Liberia le quatrième exportateur mondial. À cette manne s'ajoutaient les recettes fiscales tirées de l'immatriculation des navires étrangers battant pavillon libérien mais appartenant en fait à des armateurs grecs ou à des compagnies américaines. Avec une capacité de 22,5 millions de tonneaux, la flotte marchande libérienne se hissait au premier[...]
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Écrit par
- René OTAYEK : directeur de recherche au C.N.R.S., à Sciences Po Bordeaux
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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LIBERIA, chronologie contemporaine
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BLYDEN EDWARD WILMOT (1832-1912)
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Né le 3 août 1832 à Saint-Thomas, une des colonies danoises des Caraïbes, et descendant d'esclaves, Edward Wilmot Blyden devint l'une des personnalités internationales les plus brillantes du monde africain et caraïbe.
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DOE SAMUEL K. (1951-1990)
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Homme d'État libérien, né le 6 mai 1951 à Tuzon (Liberia), mort le 9 ou le 10 septembre 1990 à Monrovia.
Samuel Kanyon Doe, membre de l'ethnie krahn, s'engage dans l'armée à dix-huit ans. Il monte en grade et devient sergent-chef en 1979. Comme d'autres Libériens autochtones, appelés ...
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GUINÉE
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...contesté par une partie de l'armée, le régime à la tête du pays appauvri doit, par ailleurs, faire face à des incursions des mouvements de rébellion au Liberia et en Sierra Leone. Ainsi, les Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), un groupe armé rebelle soutenu d'abord par la Guinée,... -
JOHNSON-SIRLEAF ELLEN (1938- )
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