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LIBRA, Don DeLillo Fiche de lecture

Don DeLillo - crédits :  Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Don DeLillo

On ne sait trop s'il faut considérer Libra (1988) de l'écrivain américain Don DeLillo comme une enquête romancée, un récit de politique-fiction ou un roman-reportage comparable à De sang-froid (1965-1966) de Truman Capote. Mais c'est un fait que l'auteur réussit à alimenter le suspense en racontant une histoire dont la fin est connue de tous : l'assassinat de John F. Kennedy, qui devait donner lieu par la suite à un autre reportage-fiction, American Tabloid de James Ellroy (1995).

Politique et fiction

Le récit suit deux lignes narratives : Don DeLillo fait alterner des chapitres qui révèlent la préparation d'un complot par d'anciens membres des services secrets américains, et d'autres qui reconstituent le puzzle biographique de l'assassin du président, Lee Harvey Oswald. La première intrigue est narrée en termes rapides et de façon linéaire. La seconde dessine un portrait plus discontinu de Lee Harvey Oswald.

L'action commence le 17 avril 1963, au cours d'une réunion de quelques responsables de la C.I.A. qui ont mal supporté l'échec du débarquement américain dans la baie des Cochons. Parce qu'il a refusé le soutien de l'armée de l'air, ils rendent le président Kennedy responsable de cet échec. Ces hommes profitent alors de leur position et du secret qui les couvre pour comploter. Ils veulent électriser l'Amérique en provoquant un choc. Ils mettent donc minutieusement en scène une fausse tentative d'assassinat du président Kennedy. On le manquera, bien sûr, mais on laissera des indices conduisant à Fidel Castro afin que l'opinion pense que celui-ci voulait se venger des tentatives de la C.I.A. pour le déstabiliser. Les comploteurs inventent alors un tueur fictif, imaginent son profil et ses antécédents. C'est ce portrait-robot qui va finir par revêtir l'apparence de Lee Harvey Oswald.

Il faut souligner que DeLillo s'attache moins à illustrer la thèse d'un complot qu'à démonter les mécanismes qui conditionnent le psychisme des Américains typiques. Le pays implante en eux ses idéaux médiatiques, et les personnages agissent moins de leur propre gré qu'ils ne sont portés par les discours ambiants. Ils aspirent à un moi idéalisé, cherchant à tout prix à mettre en place les signes qui les feront pénétrer dans le cercle magique des médias.

La biographie lacunaire d'Oswald nous montre un orphelin de père, solitaire depuis l'enfance ; sa mère le domine, ses camarades de classe se moquent de son prénom de fille. Pour vaincre ces humiliations, l'adolescent s'engage dans les marines. En poste au Japon, il passe dans le camp soviétique avant de rentrer au Texas avec son épouse russe. Il distribue des tracts de la propagande procubaine et organise un attentat manqué contre le général Edwin Walker : « Trois jours après la naissance de Rachel, Lee se rendit à un meeting au Memorial Auditorium. L'orateur le plus attendu était Edwin A. Walker. Lee, debout au fond de la salle, regardait les gens entrer. Le secret qu'il possédait lui donnait l'impression d'être invulnérable. C'était lui l'homme qui avait tiré le coup de feu, qui avait manqué de peu sa cible. C'était un secret qui lui donnait un pouvoir. » Les membres du complot le repèrent alors et trouvent en lui l'assassin idéal.

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Média

Don DeLillo - crédits :  Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

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Autres références

  • DELILLO DON (1936- )

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    Libra (1988) est le « grand roman américain » de DeLillo, celui vers lequel il n'a cessé de cheminer : la mort de Kennedy, a-t-il dit un jour, « m'a inventé ». Le livre fait alterner en montage rapide deux récits. Dans le premier, des anciens de la C.I.A., furieux d'avoir été « trahis » par le président...