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LIBRA, Don DeLillo Fiche de lecture

Une critique de la société américaine

Don DeLillo semble avoir lu tout ce qui a été écrit sur l'assassinat de Kennedy, sans vraiment choisir les informations pertinentes dans ces archives. Il dépouille les vingt-six volumes du rapport Warren et repousse les conclusions de celui-ci, non parce qu'il se perd dans un fatras de détails, mais parce que, en concluant qu'Oswald a agi seul, ce rapport fait de l'assassin un marginal psychotique, sans prendre en compte la responsabilité de l'Amérique, dont il est le reflet.

DeLillo pense qu'Oswald est un enfant du pays dont le moi a été programmé conformément au « syndrome américain ». Sa vie elle-même est pleine de contradictions : il se prend pour une nullité et rêve d'entrer dans un système qui le valoriserait, mais sa conception de l'Histoire est uniquement médiatique. C'est donc tout naturellement qu'il va se focaliser sur l'image de Kennedy, qui a été le premier président à faire un usage conscient et intensif des médias. Dans cette logique de fascination, le viseur télescopique de la carabine remplace bientôt celui de la caméra, et l'individu se transforme en assassin. Parce que Libra refuse une conclusion nette, plusieurs images finales se succèdent : d'abord l'assassinat de Kennedy pendant les sept secondes qui ébranlèrent l'Amérique ; puis l'épisode du meurtre d'Oswald en direct à la télévision ; enfin l'éloge funèbre que sa mère fait de lui au cimetière.

— Michel FABRE

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Média

Don DeLillo - crédits :  Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Don DeLillo

Autres références

  • DELILLO DON (1936- )

    • Écrit par
    • 2 517 mots
    • 1 média
    Libra (1988) est le « grand roman américain » de DeLillo, celui vers lequel il n'a cessé de cheminer : la mort de Kennedy, a-t-il dit un jour, « m'a inventé ». Le livre fait alterner en montage rapide deux récits. Dans le premier, des anciens de la C.I.A., furieux d'avoir été « trahis » par le président...