LIBYE
Nom officiel | Libye (LY) |
Chef de l'État | Mohamed Younes el-Menfi (depuis 10 mars 2021) |
Chef du gouvernement | Abdel Hamid Dbeibah (depuis le 15 mars 2021) |
Capitale | Tripoli |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Dinar libyen (LYD) |
Population (estim.) |
7 820 000 (2024) |
Superficie |
1 676 198 km²
|
La Libye moderne
Le coup d'État militaire du 1er septembre 1969 et la construction progressive d'un régime révolutionnaire original ouvrent pour la Libye une période nouvelle. Au cœur du nouveau système se trouve le colonel Mouammar Kadhafi, âgé alors de vingt-sept ans. Ce jeune officier, issu d'une tribu bédouine du désert de Syrte, avait développé, dès l'adolescence, une sensibilité nassérienne, qui se mêlait à sa formation coranique traditionnelle. Dès avant son entrée à l'Académie militaire, il avait mis en place tout un réseau de jeunes nationalistes, généralement issus comme lui de tribus n'appartenant pas aux cercles du pouvoir, qui s'était activé, durant la seconde moitié des années 1960 à envisager l'éventualité d'un renversement d'un régime monarchique qu'ils estimaient incapable de sortir le pays de la logique de soumission à un ordre extérieur qui avait été, à leurs yeux, confirmée malgré la fin de l'occupation italienne.
La mise en place d'un régime révolutionnaire
Une fois arrivé au pouvoir, le colonel Kadhafi pose les bases d'un régime dont l'architecture est totalement renouvelée. Il s'agit d'une république, dont les fondements idéologiques sont peu à peu définis selon une voie qui mêle nationalisme, références à la société traditionnelle ou à l'islam, et marxisme. Les bases militaires anglaises et américaines sont fermées. Pour son armement, la Libye se tourne d'abord vers la France (mais celle-ci est rapidement réticente quant à la livraison d'avions de combat de type Mirage), puis surtout vers l'Union soviétique. En 1970, les biens italiens sont confisqués, les banques nationalisées. Mais le régime procède avec beaucoup plus de circonspection avec le secteur pétrolier, qui fournit la presque totalité de ses revenus au pays. Plutôt que de s'attaquer aux compagnies étrangères, la stratégie gouvernementale est de diviser pour régner, tout en tâchant de renforcer les prérogatives de la compagnie nationale. Cette tactique s'accompagne de la création d'un comité des prix du pétrole, qui est placé sous la responsabilité d'Abdesselam Jalloud, personnage clé du nouveau régime dans cette période de fondation, qui devient ministre de l'Économie (puis Premier ministre de 1972 à 1977). Le but de la stratégie pétrolière libyenne pendant les premières années de la révolution est de faire monter les prix et d'augmenter la part reversée par les compagnies concessionnaires, généralement étrangères, à l'État libyen, sans toutefois remettre en question le principe de la présence de sociétés et d'experts étrangers.
Sur le plan institutionnel, le tournant des années 1970 est également un moment fondateur. Un Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.) est institué, sur lequel, de 1969 à 1972, le colonel Kadhafi parvient à asseoir sa domination en évinçant certains de ses compagnons d'armes. Il précise également sa pensée politique, qui irrigue les nouvelles institutions. Une Constitution est proclamée pour la nouvelle république arabe libyenne dès le mois de décembre 1969. C'est le C.C.R. qui désigne les ministres ; ceux-ci proviennent tous de ses rangs, sauf, dans un premier temps, pour le ministère du Pétrole, où l'on prend soin de ne pas s'aliéner les compétences issues du régime précédent. En novembre 1971 est proclamée une importante réorganisation administrative, qui prévoit notamment la création de gouvernorats (muhafadhat), de nouvelles municipalités et de districts (mudiriyyat). Cette réforme constitue assurément une tentative de contournement du lien jusque-là puissant entre structures administratives et instances tribales. Il s'agit également d'une tentative de modifier la composition sociale des structures de pouvoir, en[...]
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Écrit par
- Nora LAFI : docteur en histoire, habilitée à diriger des recherches, chercheur D.F.G. au Zentrum Moderner Orient, Berlin
- Olivier PLIEZ : géographe, directeur de recherche au CNRS, université Paul-Valéry, Montpellier
- Pierre ROSSI : professeur de lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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